Une reconstitution au fond opaque et pas nécessaire dont on louera cependant les deux moments de bra

Peter Berg commence à se retrouver sur une pente artistique descendante, lui qui nous avait livré il y a deux ans l’impeccable « Du sang et des larmes » ou encore le magistral « Le Royaume » il y a dix ans. C’est néanmoins sans compter qu’il est aussi l’auteur de l’un des navets du siècle : l’affreux « Battleship ». Mais ici, à peine quelques mois après « Deepwater », il réitère en adaptant à nouveau un sinistre événement très récent de l’histoire américaine. Ainsi, après l’explosion de la plateforme pétrolière BP dans une évocation somme toute honnête à défaut d’être passionnante, il s’attaque aux attentats du marathon de Boston de 2013. Cependant cela met en branle le bien-fondé de ce genre de films qui prennent pour sujet des faits dramatiques qui se sont déroulés il y a peu de temps. D’abord pour le respect des victimes mais aussi parce qu’il n’est pas toujours évident d’avoir le recul nécessaire. On se demande tout le long de la séance s’il n’y a pas une certaine exploitation ou instrumentalisation mercantile du malheur des victimes sous couvert de relents patriotiques. Le fond n’est donc pas toujours des plus clairs, surtout ici avec un sujet sensible comme le terrorisme, et on peut vite sombrer dans le nauséabond idéologique. « Traque à Boston » l’évite mais son véritable propos de fond et ses velléités de base n’en sont pas pour autant inattaquables…


Une tirade de Mark Wahlberg vers la fin du film, qui nous énonce bien joliment mais bien naïvement que la seule manière de combattre le terrorisme est le combat ou l’amour, apparaît bien limite aux yeux de la géopolitique internationale du moment. Bref, on a connu Peter Berg plus inspiré dans ce domaine avec le suscité « Le Royaume ». En revanche, et c’est tout l’intérêt et le sel du film, le réalisateur montre encore une fois son talent d’artificier qui le place à l’égal d’un Michael Bay dans ce domaine et le grand spectacle en général. Les deux séquences majeures et d’importance du film sont magistrales, chacune dans leur domaine. D’abord la scène de l’attentat, qui nous fait ressentir la panique et l’hébétement général avec brio, puis l’incroyable fusillade dans la dernière partie qui vous scotche à votre siège par sa puissance et sa fureur. On a vraiment l’impression d’y être. Entre deux beaucoup de ventres mous et une traque pas si palpitante qu’elle aurait du l’être composée de passages attendus et de scènes dispensables, entre présentation de victimes et recherche d’infos. En bref, moyen et dispensable.

JorikVesperhaven
5

Créée

le 11 mars 2017

Critique lue 890 fois

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Rémy Fiers

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