Vétéran de l'industrie cinématographique Hong Kongaise, l'ancien cascadeur John Cheung s'est naturellement essayé à une carrière derrière les caméras, en tant que chorégraphe, à partir de la fin des années 80. La réalisation est son objectif et il finit enfin par l'atteindre à la toute fin des années 90 avec Treasure Hunter, son bébé en lequel il place d'énormes espoirs. C'est bien simple, il s'occupe de tout sur le film ! Du scénario à la réalisation, de la production au casting. A l'écouter en interview, l'homme en est très fier et y voit le futur du cinéma d'action de HK à travers l'usage de techniques nouvelles, et tout particulièrement les prises de vue sous marines. Une telle ambition fait plaisir à voir, surtout dans la morosité ambiante qui affecte l'industrie du film local, malheureusement on ne peut que déplorer que le résultat à l'écran soit aussi éloigné de ces bonnes intentions.

On s'en doute, John Cheung n'a pas disposé d'un large budget pour mettre en scène Treasure Hunter, tout comme il a du se conformer un planning de tournage serré. Mais cela n'excuse pas la trop grande dispersion qui affecte le scénario de son unique long métrage. Car durant près de la moitié du métrage, le film n'avance nulle part. On ne fait que suivre les personnages dans leurs activités plus ou moins médiocres (Chin Siu Ho qui passe son temps à filmer, John Cheung qui gère les nombreuses plongées...) sans qu'une intrigue se fasse jour et permette au film de progresser. Certes, cela a au moins l'avantage de présenter les personnages mais ceux-ci sont sans réelle psychologie et au final, c'est l'ennui qui prévaut.
Quand enfin Treasure Hunter parvient à se focaliser dans une direction, le film gagne un minimum de rythme et d'intensité. Un minimum... mais certainement pas plus. Car même ainsi, l'intrigue demeure très plate (un chef du crime qui cherche à retrouver son mac guffin récupéré par nos héros) et n'est même pas bien structurée (voir le climax qui se termine 15 minutes avant la fin du film). Cheung tente bien de donner de la vie à l'ensemble par une réalisation appliquée et quelques éclairs de violence percutants (torture dans un scaphandre, variation aquatique du sort réservé à David Chiang dans Heroic Ones) mais c'est tout juste suffisant pour que le spectateur ne s'ennuie pas.

La présence d'acteurs vétérans de l'industrie aurait pu relever le niveau mais tous semblent avoir carrière et talent derrière eux. Le pompon étant atteint par Chin Siu Ho, arborant des cheveux mi longs du plus mauvais effet. Lui qui 5 ans plus tôt brillait dans des films comme Fist Of Legend ou Tai Chi Master n'est plus que l'ombre de lui-même. Son jeu est maladroit, ses capacités physiques inexploitées, son charisme à zéro. C'est triste à voir.
Seul Simon Lui parvient à relever un peu le niveau ambiant en interprétant le genre de salopard qu'il affectionne. Décontracté mais autoritaire, il parvient un minimum à crédibiliser un personnage pourtant digne d'un Philip Ko des années 2000.
Précisons tout de même qu'à défaut de casting talentueux, Cheung est au moins généreux en jolies filles. Des seconds rôles (Pinky Cheung, Sherming Yiu) aux simples figurantes, l'ancien cascadeur applique la règle numéro un de l'exploitation : « Si tu n'as rien de bien à mettre dans ton film, embauche au moins des jolies filles ». Mine de rien, ça marche !

Il faut cependant reconnaître une indéniable qualité à Treasure Hunter, c'est sa bonne utilisation des prises de vue aquatiques. L'usage intensif de telles techniques était le fondement du film et on sent Cheung particulièrement concerné par cette idée. Si bien que l'on peut régulièrement apprécier des plans soignés de baies autour de HK ou des fonds sous marin du coin. Ce type de paysages inédits confère au film un cachet supérieur à ce qu'une petite série B de base, avec son entrepot et ses 2 appartements qui se battent en duel, peut prétendre. Dommage que cet aspect intéressant n'ait pas été mis au service d'un authentique scénario.
Palplathune
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le 26 févr. 2011

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