Treize jours d'une guerre froide qui se réchauffe dangereusement, d'un antagonisme tout près de devenir conflit : Roger Donaldson évoque la crise des missiles de Cuba et la menace que l'URSS fait soudainement peser sur les Etats-Unis.
Pour l'essentiel, le récit s'installe à la Maison-Blanche où le réalisateur décrit longuement et minutieusement la posture américaine, les consultations entamées par JFK auprès de ses conseillers (dont Kevin Costner) et des militaires, puis les âpres négociations entre les deux Blocs.
Au-delà de l'épisode historique, le cinéaste investit les arcanes méconnus du pouvoir et évoque l'immense responsabilité du Président, ses doutes et sa solitude parfois. En d'autres mains que celles de Donaldson, le sujet, analogue à la situation de crise du "Docteur Folamour" de Kubrick, aurait pu être palpitant. Mais la réalisation manque ici franchement de personnalité et de profondeur.
Dépourvu de point de vue politique ou critique, le film finit par se consacrer à un suspense courant tirant vers le cinéma catastrophe. Les protagonistes, figures emblématiques du pouvoir, ne convainquent pas vraiment (on retrouve d'ailleurs parmi elles le stéréotype du général va-t-en-guerre). Sans autre intention que de dévoiler la "cuisine" du sommet de l'Etat, ce trop long film intronise le Bureau oval de la présidence comme centre du monde (libre) et cède à la prétention américaine d'incarner le bon droit international et la démocratie de référence. On sent les auteurs tout prêts de décerner au bon président Kennedy un posthume Prix Nobel de la paix !
Ce film un peu creux ne risque pas, en tout cas, de bousculer les valeurs, la bonne conscience et l'arrogance américaines.