• spoiler -


Ce premier volet nous plonge dans le deuil de Julie, devenue veuve d'un grand compositeur et de sa petite fille après un accident de voiture. Son mari racontait une blague au moment de l'accident. Cette Julie légère et rieuse n'existe plus. Le seul moment ou on la voit rire sincèrement est justement lorsqu'elle se rappel l'accident. Tous les autres sourires sont pénibles ou forcés.


Kieslowsky se met a dépeindre le deuil de Julie. Apres le premier instinct suicidaire, le blues s'installe. Apres avoir essayé d'arracher violemment le bleu symbolique de l'abat jour, elle essaie de le consommer, de l'enfouir en soi (la scène de la sucette est marquante). Ces tentatives sont évidemment des échecs. Elle essaie donc de l'exposer en plein jour, mais les perles de l'abat jour baignent inévitablement le nouvel appartement de leur mélancolie, de la souffrance qu'elle porte désormais partout ou elle va. Submergée par la musique, elle essaie de la noyer mais c'est inutile. Une force incontrôlable la ramène a son passé, a cette oeuvre incomplète qui cherche une fin désespérément. Malgré la douleur que ceci lui procure elle va devoir y faire face. Julie cherche a se convaincre qu'elle va réussir a tout lâcher et changer de vie. Elle en parle avec sa mère atteinte d'alzheimer mais elle s'adresse a un mur et elle le sait. Ceci ne fait qu'accentuer sa douleur.


Julie tente de confondre ses larmes dans le bleu de la piscine mais Sandrine, elle qui représente la liberté, la femme impulsive, remarque immédiatement ses larmes cachées. Elle voit la piscine pour ce qu'elle est: un bain de larmes. Le film n'est plus celui du deuil de Julie, mais plutôt de son indécision. Elle tente d'être spontanée, puis change d'avis. Elle décide de vendre le manoir, puis se ravise. Le plus beau c'est que bien que ce chemin qu'elle empreinte soit tortueux et pénible, le résultat n'en est pas moins délicat et harmonieux. En laissant la maison a l'amante de son mari, elle parviens a être fidèle a elle-même et de continuer a être la femme généreuse qu'elle a toujours été, ainsi que de se séparer de son passé, mais cette fois si d'une façon personnelle et pondérée. Elle aura tenté d'être spontanée mais ceci ne lui aura apporté que de l'angoisse. C'est lorsqu'elle recommence a être elle-même qu'elle peut enfin aller de l'avant et se lancer dans quelque chose de nouveau.

lufassass
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le 5 févr. 2016

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