Tron - L'Héritage par Crockett
« I tried to picture clusters of information as they moved through the computer. What did they look like? Ships, motorcycles? Were the circuits like freeways? I kept dreaming of a world I thought I'd never see. And then, one day, i got in. »
Disons d'emblée que toute la beauté de la citation ci-dessus se fane peu à peu, telle une rose, tant les possibilités visuelles et expérimentales que pouvait offrir Tron Legacy ne débordent jamais d'un cercle établi – et relativement consensuel. La beauté illusoire du colisée digital laisse place à un univers aride dépourvu de tout caractère majestueux. L'utilisation de la 3D elle-même s'avère étonnamment sous-employée alors qu'elle aurait pu enrichir thématiquement la réflexion sur les nouvelles technologies et le virtuel. Dans la droite lignée de ces déceptions visuelles, le scénario, bien que soulevant plusieurs questions – la notion de perfection – saborde ses idées potentiellement les plus passionnantes, à l'image des Iso, créations virtuels indépendantes ayant échappé au modelage de Flynn.
Certes calibré, Tron Legacy n'en demeure pas moins un film doté de belles qualités. La plus emblématique étant la mise en scène de Kosinski, protégé de Fincher à juste titre, en parfaite adéquation avec l'univers. Symétrie des cadres, beauté des travellings, lisibilité et tonicité des scènes d'actions. L'esthétisme de cet univers numérique – dans sa première partie – impressionne tout autant. Au plaisir des yeux s'ajoute l'enivrante partition des Daft Punk, qui ne révèle toute sa puissance que plongé dans la pénombre de la salle, face à ces lignes virtuels. Dernier élément à souligner, même si déjà évoqué; la question de la perfection, notamment à travers la symbolique récurrente du cercle. Tout comme le Black Swan d'Aronofsky, le film de Kosinski travaille sous toute les coutures l'image de la perfection, et ce dès l'affiche où il trône au sommet de toute chose, dépassant la main de l'homme et ses créations. Intouchable.