True Grit est étrange. Comme la plupart des films des Coen dirons nous. C'est la banale histoire d'une gamine de 14 ans qui veut venger la mort de son père en engageant des mercenaires. Loin de faire un western pétaradant, les frères Coen posent leur caméra et prennent leur temps.
La mise en place de l'intrigue est assez longue et ce n'est qu'après une bonne demi-heure qu'on part enfin aux trousses du méchant pas beau qui a buté le papa. On retrouve au casting les gueules déglingués routinières des réalisateurs. Jeff Bridges et Barry Pepper (bien qu'ayant le petit rôle de Ned Pepper) délivre une performance remarquable. Matt Damon, le seul acteur propre sur lui, déteint un peu en Texas Ranger. Seulement, ici, on peut être la pire crapule de l'Ouest, on parle quand même bien et on ne sort pas un "fuck" durant tout le film. Les personnages soutiennent un langage presque châtier qui fait contraste avec leur situation. C'est original et plutôt bien vu.
A part ça le film est long et se révèle finalement être un enchaînement de scènes splendides indépendamment mais sans bon liant entre elles. Traquer un homme qu'on a jamais vu dans une forêt inconnue, ce n'est pas très passionnant. On aurait pu donc s'ennuyer ferme mais c'était sans compter le talent admirable de Roger Deakins en directeur de photographie. Après un travail remarquable sur 'No Country For Old Men' il sublime ici l'image de l'ouest : les couleurs pastels et les cadrages improbables (cette scène de dialogue avec l'indien en plongée à 90° reste l'air de rien un moment fort du film) nous gardent en éveil sans difficulté. Reste un scénario un peu pauvre qui déçoit.
On notera que la rencontre tant attendue avec "les méchants" se révèle vraiment originale. Ceux ci ne sont finalement pas si désincarnés que ça, bien au contraire. On regrette donc qu'ils soient cantonnés à la fin du film. Il faut malheureusement attendre longtemps avant d'entrevoir leurs éperons.