On se croirait devant un épisode de Strip-tease, sans savoir si ce que l’on voit est vrai ou faux.

Après l’improbable film d’action L'Échange (2014), produit, scénarisé et interprété par Jacques Stival « le Rambo breton », le cinéaste Dominique Baumard dresse le portrait de Stival en le suivant durant la préparation de son second long-métrage. De son vrai nom "Jacky Bouedo", ce dernier n’est pas un enfant de la balle, loin de là. Il est agriculteur, plus habille à manier des moissonneuses-batteuses et autres tracteurs que de diriger une équipe ou encore moins, monter un plan de financement pour mener à bien son projet de film.


Alors qu’il n’était pas parvenu à trouver un distributeur en France (son film a été exploité en VOD à l’étranger, dont le nombre de pays se compte sur les doigts d’une main), Stival persiste et se lance dans un nouveau film d’action qui devait initialement avoir lieu en Colombie mais le projet est tombé à l’eau. Qu’à cela ne tienne, il délocalise l’action au Sénégal avant qu’à nouveau le projet échoue. Cette fois-ci, il est déterminé à mener à bien son projet, en alternant des prises de vues en Bretagne et… aux États-Unis.


Beau parleur, mystérieux et sans nul doute mythomane, Tu doutes, tu perds (2016) nous donne l’occasion d’en apprendre plus sur le personnage qu’est réellement Stival. Durant près de 75min, on le suit lui et son assistant Jean-François (qui fait office d’assistant de production), tous les deux n’ont clairement pas les épaules pour mener à son termes un tel film, mais qu’à cela ne tienne, tous les deux sont passionnés et croient terriblement en leur film.


Durant toute la durée du documentaire, on a très souvent l’impression de voir un épisode de Strip-tease. On ne sait jamais si ce que l’on voit est vrai ou faux. Jacques Stival ayant un passif de menteur compulsif et roi de l’entourloupe (il n’y a qu’à voir les nombreux déboires financiers et judiciaires suite à son précédent film auto-produit). Son nouveau film serait coproduit par Salim Khassa, de LBYL Films (une société de prod’ new-yorkaise), un personnage dont on entend souvent parler mais que l’on ne voit jamais et distribué par Millenium Films. L’art de la tchatche à son paroxysme, voilà ce qui nous est donné à voir dans ce documentaire où l’on sent le coup fourré et le film voué à l’échec face à des non-professionnels qui y croient dur comme fer et ne semblent pas se rendre compte qu’ils sont en train d’aller droit dans le mur.


Mois après mois, le film stagne, les décors se construisent mais le tournage n’avance pas faute de financement, mais Stival reste motivé comme jamais, annonce être en attente d’avoir la validation du financement de la part de son coprod’ new-yorkais, sauf qu’un an plus tard, le film n’a toujours pas bougé d’un iota. Mais rien à faire, Stival & son acolyte restent persuadé que le film se fera et sont butés comme jamais. Stival a toujours réponse à tout et connait toujours des professionnels (du 7ème Art ou non) près à investir des fonds dans son projet. Il fait même appel à des connaissances (des agriculteurs) qui iront jusqu’à s’endetter de plusieurs milliers d’euros (l’un d’eux ira même jusqu’à mettre son exploitation agricole en garantie !).


Stival est tellement dans sa bulle, dans son petit monde que l’échec est impossible et se met à rêver qu’il aura au sein de son casting, une distribution internationale, il n’y a qu’à voir son dossier de presse du film qu’il feuillette sous nos yeux (Chuck Norris, Julia Roberts, Gérard Depardieu, Harvey Keitel ou encore Sylvester Stallone !).


Comme l’indique très justement le titre du film, les deux compères sont bien décidés à ne jamais douter pour ne jamais perdre. Sauf qu’à la fin, la désillusion est grande,


le film ne verra jamais le jour, des centaines de milliers d’euros envolés ou partis en fumée, des salariés qui finissent aux Prud'Hommes et des créances non payées, … Stival ira même jusqu’à demander au réalisateur de ne pas exploiter les rushs de ce film.


Suite à cela, il ira jusqu’à évoquer son nouveau projet qui serait cette fois-ci tourné au… Costa Rica, comme quoi, rien n’arrête le Rambo breton.


(critique rédigée en 2017, réactualisée en 2021)


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RENGER
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le 2 août 2021

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