L’une des histoires les plus héroïques de tous les temps

Vous le connaissez en tant qu’acteur, mais l’avez-vous déjà vu en tant que réalisateur ? Après Braveheart, La passion du Christ et Apocalypto, 10 ans plus tard, Mel Gibson revient derrière la caméra avec un nouveau film de guerre : Tu ne tueras point. Vous pensiez avoir tout vu dans ce genre ? C’était sans compter sur le talent impressionnant d’un Mel Gibson qui sait filmer, diriger/conseiller ses acteurs/actrices et raconter une histoire tout en y apportant sa touche religieuse en aucun cas barbante ou agaçante. Attention, film bouleversant et inspirant, ovationné pendant plus de dix minutes lors de sa projection à la Mostra de Venise. Surprise de cette fin d’année 2016 ?


Le film de guerre qui était CONTRE la guerre


Longtemps que je n’avais pas été autant remué en sortant de la projection d’un film. Un pur chef d’œuvre, une leçon de cinéma, une leçon de vie, une œuvre parfaite que je n’ai pas vu venir. Pendant 2h15, que ce soit musicalement, dialogualement (pas sur que ce mot existe) ou esthétiquement, votre petit cœur, tous vos sens vont êtres chamboulés. Tu ne tueras point, c’est de la joie, de l’injustice, de la colère, du choc, de la tragédie, de l’amour, de la fraternité, de la foi, du courage mais AUSSI, de l’héroïsme. Attendez-vous à verser autant de larmes que du sang déverser dans le film.


La première partie, plutôt le premier acte, pose les bases, décide d’adopter un rythme plutôt lent en introduisant, en développant l’histoire de nos personnages dont notre protagoniste. A certains moments, à travers quelques flashback, on creusera un peu plus son passé. Les scènes de son enfance, les scènes impliquant ses parents plus jeunes, sont parsemées à des moments clés du film, permettant de mieux comprendre les enjeux et les choix de notre héros (sa relation avec son père par exemple). C’est compréhensible, on s’y retrouve sans problème. Notre première partie combine drame, romance (son histoire d’amour non niaise avec Dorothy, une infirmière dont il tombera éperdument amoureux), avec un petit zeste d’humour. Vint le moment où Desmond doit partir pour la guerre.


On ne pourra s’empêcher lors de ces quelques minutes de séquences au camp d’entrainement d’y voir quelques références et acheminement similaire à Full Metal Jacket avec un sergent instructeur qui ne mâche pas ses mots et vous endurci autant physiquement que psychologiquement. De quoi amener encore des répliques cultes et des passages humoristiques malgré eux (oui la torture psychologique et les conditions de vie d’une nouvelle recrue ne sont pas censées êtres drôles). Vince Vaughn qui joue le sergent instructeur de ce film est certes plus soft et humain que le Sergent Hartman, mais les injures, les humiliations, elles, sont présentes (mais c’est très très soft). Arriver à tenir tête à toutes ces personnes relève d’un courage immense. Nos croyances sont toujours mises à rude épreuve. Il y aura toujours quelqu’un qui tentera de les briser, de vous briser, de vous faire faire un faux pas. C’est ce qui arrivera à Desmond qui restera fidèle malgré tout à ses principes. Cette histoire nous inspire à mieux agir. Desmond Doss est un exemple que tout le monde devrait suivre.


Pas de capes, pas de collants, pas de super pouvoirs, juste la foi


Un homme de foi, rempli de convictions qui n’a pas hésité une seule seconde à sauver la vie de ses amis qui n’ont pas été tendre avec lui. Le sacrifice ultime ? Comment ne pas en conclure après avoir vu ce film que c’est l’une des histoires les plus héroïques de tous les temps? Desmond tient à respecter le cinquième commandement (tu ne tueras point) du livre de l’Exode d’après la Bible. Pourquoi vouloir devenir soldat si c’est pour refuser d’utiliser une arme à feu ? Comme n’importe quel autre américain, Desmond ne voulait pas rester chez lui alors que d’autres se battaient. Il voulait servir son pays, sauver des vies mais ne pas en prendre (du jamais vu au cinéma).


Pour cette raison, il avait trouvé la solution en devenant infirmier, s’occupant des blessés sur le champ de bataille. Mais avant d’aller sur le front, il lui fallait s’entrainer avec les nouvelles recrues et donc, manier le fusil. C’est là que le futur soldat qui avait des principes moraux liés à sa croyance incompatible avec toute cette violence, sera malmené, méprisé, humilié, par la hiérarchie et ses camarades constamment sur son dos le prenant pour un fou. C’est grâce à sa foi qu’il tenu bon et qu’il réussit à ne pas se faire renvoyer de l’armée (voir terminer sa vie en prison). On ne peut s’empêcher de voir son parcours ressembler au chemin de croix de Jésus Christ (sans pour autant faire de Desmond, le Christ lui-même).


La bible, symbole même de la sagesse mais surtout de l’amour (quelque soit la race, les origines, les croyances, que votre prochain soit bon ou mauvais, tout homme doit être sauvé), point primordial de la religion chrétienne. Le coté religieux ne sera jamais envahissant mais cependant présent car thème central du film (comme pour toutes les autres réalisations de Gibson). On ne cherchera pas à « convertir « le spectateur mais plutôt lui montrer comment pense, comment vit « normalement » un chrétien. C’est tourné de la plus belle manière, jamais il n’y aura d’exagération, ce qui permet de voir cette religion sous un jour nouveau. Bien qu’à beaucoup de moments, on est choqué de voir que la religion de notre héros le mènera presque aux portes de la folie, de la déraison (ne pas toucher à un fusil alors qu’il est encerclé par des Japonais, se laisser injustement frapper au visage par un de ses camarades qui n’accepte pas ses choix), Desmond s’interroge, se remet en question (allant jusqu’à douter quelque peu de ses croyances le menant à peut être, être orgueilleux). Il n’est pas un saint, tout comme tout autres chrétiens, catholiques, musulmans, etc. Il essaye d’être juste, se laissant guider par sa foi en dieu.



« Comment pourrais-je m'accepter si je trahis ce en quoi je crois? »



Un personnage admirable qui inspire


Andrew Garfield (Boy A, Social Network) continue de nous surprendre avec ces talents d’acteur. Dans « Tu ne tueras point », il est entouré d’une aura de bonté et de gentillesse qu’il gardera jusqu’au bout de son histoire. Innocent, pacifique, simple, bouleversant. Il arrive à véhiculer autant d’émotions dans les scènes de dialogues que dans les scènes où il ne dit rien. Ses expressions font le reste. Tant de justesse, c’est tellement rare aujourd’hui. Forcément on s’attache au personnage, forcément on s’imagine être à sa place, forcément on craint pour sa vie lors des scènes de batailles où c’est le seul soldat qui ne tient pas une arme à feu et ne se défendra pas si on l’attaque. Une cible facile, une cible à abattre. En décidant d’axé notre première partie de film sur son histoire, Gibson veut amplifier l’impact émotionnel qu’il y aura dans la seconde. L’histoire d’amour entre Desmond et Dorothy par exemple offrira ce petit moment de tendresse appréciable digne des plus beaux films romantiques (Titanic, si tu nous écoutes du fond de l’océan).


L’alchimie entre les deux personnages est autant authentique et parfaite que l’alchimie qu’il y avait eu entre Garfield et Emma Stone dans The Amazing Spiderman. C’est adorable. Ces jeux de regards, ces maladresses, ce premier baiser. Plus vrai que nature. La performance des autres acteurs (avec en tête Hugo Weaving en vétéran de guerre devenu alcoolique) est quant à elle impeccable.



« Pendant qu’ils prennent des vies, je vais tenter d’en sauver ».



Âmes sensibles : tenez le coup !


Dès le second acte, tout comme Pearl Harbor (tiens encore un film monumental sur la seconde guerre mondiale) notre film prend un tournant. Exit la romance, place à de la guerre, de la vraie guerre violente et tragique. Mel Gibson oblige, il sera question de vous montrer que la guerre c’est autant du carnage physique que du carnage émotionnel (et encore, la réalité est pire). Mise en scène magistrale, filmé au millimètre près sous tous les angles avec des effets de ralenti bien dosés permettant d’accentuer encore plus la dramaturgie, l’impact des balles sur les corps des soldats. On reste bouche bée pendant une bonne heure. Peu de temps morts, nombreux passages de sursauts (les soldats Japonais sont perfides et sortent de n’importe où), la guerre est filmée de manière puissante, dur, précise, poignante, débordant de réalisme. Mel Gibson a décidé d’innover le genre en faisant du spectateur, l’accompagnant du héros, en plein champ de bataille.


Tout comme « Il faut sauver le soldat Ryan », (détenteur du record du film de guerre le plus réaliste de l’histoire du cinéma), c’est choquant, c’est brutal, c’est trash, vos tripes sont malmenées. Démembrements, déchiquetages (un vrai festin pour les corbeaux), intestins à l’air, une horreur voulue crédible. Pas de gore pour du gore, pas de gore pour vous amuser (la série Games of thrones en est quelques fois l’exemple flagrant).


Malgré ce coté choc qui risque d’en traumatiser certaines et certains, il y a cette volonté de vouloir accentuer sur l’exploit, la bravoure, le courage presque surhumain de notre héros surnommé « la brindille », « le lâche ». Un film de guerre beau…vous y croyez ? Mel Gibson l’a fait. Grace à une nouvelle technique innovante appelée boite à bombes (boite explosive sans dangers contenant des projectiles et autres éléments), les effets d’explosions sont proche de la réalité. La guerre c’est la guerre, ça nous montre le courage, le sacrifice de ses hommes qui protègent leur pays au péril de leur vie. Beaucoup de plans mémorables (j'aurai dû emmener mon appareil photo tiens!). Autre point positif qui en soulagera plus d’un : pas de clichés patriotiques typiquement américains (n’espérez pas voir brandir le drapeau).


La musique : atout majeur de Tu ne tueras point


Comme si ça ne suffisait pas pour vous émouvoir, c’est du coté musical que vous frissonnerez aussi. La musique de Tu ne tueras point, composée par John Debney et Rupert Gregson-Williams met les bouchées doubles pour vous laisser sans voix. Sans elle, le film aurait eu moins de puissance. Chaques titres a un rôle crucial à jouer, accentuant les diverses scènes d’action ou de drame. On sent la pate Hans Zimmer qui est allé prêter main forte aux deux compositeurs.


« Le saviez-vous ? C’est le compositeur James Horner (décédé dans le crash d’un avion en 2015) qui avait déjà travaillé avec Mel Gibson sur trois de ses réalisations, qui devait au départ s’occuper de la bande originale de notre film ».


A force, vous me connaissez, vous savez que pour moi, la musique dans un film joue un rôle capital. C’est grâce à elle que l’émotion sera amplifiée. Pour ce film, j’en ai eu pour mon argent. Résultat : à pleurer. La dernière fois que j’ai été autant prit au cœur par une bo ça remonte au film Le dernier samouraï (datant de 2004). Omniprésente, elle y est épique, tragique, poignante, sidérante. Tels sont les mots qui la définissent elle et tout ce qui ressort du film. Un conseil : tant que vous n’avez pas vu le long métrage, n’achetez pas non plus tout de suite le cd, n’écoutez surtout pas la bande originale sur Youtube, et découvrez là plutôt en salle.


Au final, Tu ne tueras point s’inscrit d’ores et déjà parmi les meilleurs films de guerre et meilleurs films tout court. Mel Gibson bluffe par cette manière de rendre une horreur telle que la guerre, belle. Une histoire unique aussi extraordinaire que son personnage, une histoire d’amour et de convictions, religieux ou non, ce film ne peut vous laisser de marbre. Réalisme sidérant, jeu d’acteurs impressionnant, message, répliques et musiques puissantes, Futurs oscars en 2017 ? Croisons les doigts.

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le 12 nov. 2016

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Jay77

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