Hillbilly Blues

Premier film de Eli Craig, Tucker & Dale surfe visiblement sur la mouvance actuelle du héros un peu loser pour nous proposer un film qui sort allègrement des sentiers battus, véritable bijou d'humour noir et de grand n'importe quoi cumulé. On pense bien sûr au duo Frost-Pegg et à leur Shaun of the dead, qui avait, à son époque, donné un joli coup de neuf au film de zombies. Ici, les scénaristes vont encore plus loin, détournant avec un délice communicatif le slasher à la sauce américaine en prenant le contre pied total des bains de sang décérébrés habituels.

Le film commence pourtant comme n'importe quel film type Massacre à la tronçonneuse ou, plus récemment, Détour Mortel, avant de basculer dans la parodie pur jus. Le concept : les bouseux ne sont pas forcément des tueurs en séries psychopathe, contrairement à ce que pourrait le laisser croire la série de films dont s'abreuvent visiblement les teenagers venus passer leur vacance dans l'Amérique profonde. Le résultat : une suite de quiproquo et de malentendus savoureux et délicieusement gore.

La réalisation est soignée, et on sent derrière la caméra une véritable envie de signer un hommage, autant qu'un désir de tourner en dérision un genre sur exploité. Les clichés visuels s'enchaînent donc à un rythme effréné, Craig faisant preuve d'une grande maîtrise du second degré et de l'auto-dérision. Le côté jusqu'au boutiste est poussé très loin, et les scènes émotion sont expédiées sans états d'âme, un peu de la même façon que leurs modèles.

A noter aussi l'excellent casting, qui compte tous les personnages du répertoire du genre, de l'indispensable bimbo blonde siliconée à l'ado boutonneux, sans oublier bien sûr les deux bouseux au grand coeur, excellents dans ce rôle à priori à contre emploi.

Véritable coup de pied dans la fourmilière, Tucker & Dale ravira les amateurs de second degré et de parodies intelligentes, tout en séduisant à coup sûr les amateurs de slasher capables d'un peu de recul. Un peu de sang neuf, ça fait toujours du bien...