Récompensé lors de nombreux festivals, ce Turn me on vient se classer parmi les œuvres curieuses de ce début d'année. Cru, il n'y va pas avec le dos de la cuillère et nous met rapidement les pieds dans le plat avec une jeune ado de 15 ans, allongée sur le sol, téléphone rose en ligne, et agitant frénétiquement sa main dans sa petite culotte. Effet choc de prime abord, mais rapidement laissé de côté. La réalisatrice, Jannicke Systad Jacobsen, voulait nous annoncer dès le départ ce qui la travaillait, et ces plans érotiques ne seront pas ou peu réutilisés par la suite, le film n'étant pas une production réservée aux vieux pervers. Pas facile donc d'être une jeune femme travaillée par ses hormones, et encore moins quand le garçon de vos rêves vous fait passer pour une dingue, faisant de vous la paria du lycée, et a fortiori de la bourgade, pas plus grosse qu'un lieu-dit, dont la plupart des jeunes aimeraient s'échapper. Une vision froide d'un lieu où il fait froid, mais abondamment saupoudré de scènes poussant souvent à l'hilarité, en particulier lorsque les pulsions sexuelles de notre demoiselle la pousseront à avoir des visions, allant même jusqu'à imaginer le patron de la supérette où elle travaille en train de lui faire une danse sexy.


Bref, Turn me on est une comédie sans vraiment en être une. On s'esclaffe beaucoup, mais au-delà de l'aspect humoristique le but était également de dépeindre une jeunesse perdue dans les zones reculées de la Norvège. C'est donc en toute logique que le récit fait des écarts, ne suivant pas uniquement la jeune femme, mais aussi ses amis (et ses « ennemis »), avec lesquels elle passera par une période de froid, qui rêvassent en s'inventant un avenir tout en se mentant à eux-mêmes, à la différence d'Alma, qui bien qu'elle s'évade en titillant son clitoris, ne cherche jamais à se voiler la face, reste honnête et fidèle à elle-même, sans avoir recours au déni, au mensonge ou la mythomanie. On retiendra notamment le second rôle principal, incarné par Malin Bjørhovde, brunette intrigante tout autant que l'est son personnage, qui s'est fixé comme lubie impossible d'aller au Texas pour tenter d'y abolir la peine de mort.
Pour conclure, les amateurs d'immersions réalistes dans le milieu adolescent auront un double produit de qualité, servant à la fois humour et peinture intéressante de lieux qui nous sont inconnus. Les moins friands du genre pourront toujours se laisser tenter, ne serait-ce que pour le dépaysement; et puis ça n'est pas sa courte durée qui risque de leur faire perdre un temps considérable (1h16).
Mention spéciale pour Helene Bergsholm, qui incarne l'héroïne, et restitue parfaitement le malaise que vit son personnage, tiraillé par son présent, son futur, et ses pulsions quasi-incontrôlables. Brillant.
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le 9 janv. 2012

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