On ne pourra le nier, les 30 premières minutes sont géniales. Dialogues fins, scènes bien agencées au service de l'identification du spectateur et du suspens, choix de personnages intéressants et complémentaires : ce premier tiers intrigue et ravi. On s'abandonne aux quasi-monologues du vieux et du douanier canadien, cela ressemble à une fable, l’enchaînement des événements est on ne peux plus cohérent, et on échappe au problème de la plupart des films d'horreur : la connerie nécessaire du héros pour se mettre en danger alors que tous les signes que ça va chauffer pour son matricule sont sous son nez.
Seulement voilà, après que le personnage principal ait été estropié une première fois, arrive la seconde salve de tortures chirurgicales destinées à fabriquer un homme-morse. Et là c'est n'importe quoi, le résultat post-chirurgie est à peine montré qu'on enfile à Justin son costume de morse en peau de jambe... QUI NE RESSEMBLE A RIEN! Le requin des dents de la mer était plus réussi!
Et à cause de ce satané costume plus rien ne colle! Pourquoi le vieux coupe t'il les jambes de Justin quand il a tout le curare et la morphine qu'il faut pour le rendre docile, et que lui même entre entier dans son costume de morse? Pourquoi veut-il que son morse le tue alors qu'il l'aime? Pourquoi lui laisse t'il son téléphone portable? Pourquoi le torture-t'il mentalement aussi? Il me semble que le plus simple et le plus efficace eu été de se contenter de ce désir d'affection bizarre du vieux marin mythomane pour aller soit vers gore (c'est à dire une transformation uniquement chirurgicale et véritablement répugnante) soit vers le jeu sexuel zoophile (avec le costume ridicule et de la drogue) ce que sous-tendait clairement le fait divers dont s'inspire le scénario.
C'est comme si, cherchant à tout prix l'originalité, les scénaristes, à l'instar d'autres "artistes", s’étaient mis à étaler leurs matières fécales sur des toiles pourtant déjà ornées de jolies esquisses.
Ce qui est drôle c'est qu'à partir du costume de morse ridicule, tout part en couilles! Les personnages secondaires, qui jusqu'ici était tous plutôt bien dépeints, deviennent subitement stupides et niaiseux. On s’aperçoit que les quelques pistes qui avaient étés lancées ne mèneront nulle part (la poupée, l'os pénien de morse, etc...). Et tout va de mal en pis jusqu'au dénouement, véritable compilation d’aberrations scénaristiques. Parmi celles ci nous citeront la bataille ridicule des morses en forme de frottage d'épaules enragé, le style comique suggéré uniquement par une bande son qui sort de nul part, et la copine qui est choquée par le costume qui cache les vrais moignons de Justin.
Enfin l'épilogue complètement conne nous montre Justin, un an plus tard, toujours habillé en morse dans un petit bassin à l’extérieur de la maison dans laquelle il a été torturé. Ce qui implique que celui ci sans mains et sans jambes ne quitte jamais son costume en peau humide et putride, se baigne et survit un an sans crever d'une horrible maladie due à la macération de ses moignons?
Enfin, sa copine lui crie je "t'aime"/générique...
... Ô Canada!