Après le grand moment de solitude qu'avait été pour moi la découverte du premier « Twilight », j'ai finalement pris mon courage à deux mains pour regarder cette suite pas moins de quatre ans plus tard, et je crains que malheureusement mon discours ne change guère. Au-delà de la consternation purement « cinématographique » qui m'a entouré, c'est plus la tristesse d'imaginer des millions d'adolescents se reconnaître dans ces valeurs conservatrices d'un autre âge qui a pris le dessus. Car ne nous y trompons pas : ce second volet est ni plus ni moins un aller simple dans l'Amérique rêvée par Mitt Romney.
Passons le fait que Stephenie Meyer soit comme l'ancien candidat républicain à la présidence une mormone, c'est bien cette vision des choses qui me navre profondément : c'est simple, dans « Twilight », PERSONNE ne boit (sang excepté, ahaha), PERSONNE ne dit de gros mots, et surtout PERSONNE ne baise. Qu'importe que ces derniers aient entre 16 et 20 ans, non, non, non, ils attendront le mariage pis c'est tout ! C'est donc ça qui fait rêver les jeunes au XXIème siècle ? Cette vision primaire et castratrice de la société ? Cela pourrait pourtant passer vaguement si au moins cela ressemblait à un film, mais pensez-vous ! Il ne se passe RIEN (et le film dure deux heures quand même), ou plutôt si :
Bella est heureuse, puis Edward la quitte, Bella est triste, mais rencontre Jacob, Bella est de nouveau heureuse (du moins le croit-elle), puis Edward croit qu'elle est morte et veut mourir (tremble, Shakespeare!), Bella part en Italie le rassurer, Bella et Edward rentrent ensemble aux États-Unis, de nouveau heureux.
Et je vous jure que je n'exagère pas, et que l'on passe donc 120 minutes à entendre ces jérémiades incessantes d'une meuf faisant la gueule tout le temps, la seule personne au monde à avoir quand même la malchance d'avoir des sentiments pour un vampire et un loup-garou (mais attention, platoniques bien sûr!), le tout enrobé d'un univers visuel pas déplaisant mais très kitsch, le tout au milieu de personnages fades interprétés par des acteurs mignons mais sans envergure (Michael Sheen et la très belle Ashley Greene exceptés).
Et on vous passe les incohérences, à l'image de ces vampires italiens restés vestimentairement à l'époque de la Renaissance ou de ces réactions parfois invraisemblables de notre trio « glamour » qui ne sait décidément pas ce qu'il veut... Et alors que l'on attend impatiemment le générique de fin, voilà que Chris Weitz fait honteusement durer le « plaisir » (pauvres midinettes, il faut bien qu'elles aient le temps de sécher leurs larmes!) pour nous offrir scène inutile sur scène inutile, la crise de nerfs n'étant alors vraiment pas loin. Allez, on notera bien quelques jolis plans et des effets spéciaux à peu près potables, mais ces aventures vampiriques n'en sont pas moins un véritable marasme, de ceux qui vous mettent hors de vous contre la société actuelle. Ce qui aurait pu être bien me direz-vous, encore faudrait-il que cela soit volontaire...