Twisted Pair
2.5
Twisted Pair

film de Neil Breen (2018)

Difficile de réaliser une critique de Twisted Pair comme un artefact de cinéma clasique. Neil Breen, le scénariste, réalisateur, monteur, metteur en scène et interprète du rôle principal, n'est pas un « professionnel de la profession ».


La moitié des plans sont des stock shots sur lesquels il incruste des personnages mal détourés.


La seule façon de passer d'une scène à l'autre est le fondu au noir.


80% des scènes réellement tournées par Breen ont lieu sur le parvis du Nevada State College, qui sert de décor à : un parc, un restaurant, une agence de la CIA, au QG du méchant, des entreprises cotées en bourse.


Les effets spéciaux sont indignes d'être qualifiés en tant que tels. On parle d'ici d'explosions modélisées par le même sprite copié/collé sur l'image et le même sample sonore répété jusqu'à donner la nausée.


Les dialogues sont montées avec des silences infernaux entre chaque réplique.


Un personnage secondaire porte une moustache qui est littéralement dessinée au marqueur sur un bout de ruban adhésif d'électricien.


Et, pire encore, dans ce film, Neil Breen joue deux versions de lui-même (des jumeaux augmentés par une intelligence artificielle) et ne maîtrise pas du tout les ficelles techniques qui permettent de réaliser ce genre d'astuce à l'écran. Pas du tout.


À ce stade, je ne saurais quoi dire. Bien sûr que la qualité globale est abyssale, même comparé à d'autres nanars/navets. Même les équipes de tournage des téléfilms les plus miteux de Syfy savent comment produire un film et connaissent les codes du cinéma. Neil Breen, non.


On pourrait s'arrêter là et considérer que Twisted Pair est simplement un produit amateur de très mauvaise qualité. Sauf que, croyez-moi, ce film est une purge.


Breen se met en scène comme héros messianique venant sauver un monde corrompu par les politiciens véreux, les PDG malhonnêtes et les pêcheurs de tout poil. Ses films ont acquis un statut culte outre-Atlantique au même titre que The Room ou Samurai Cop.


À mon avis, il ne joue pas dans la même cour n'étant pas un film réalisé par quelqu'un dont on pourrait attendre qu'il sache faire des films (et qui, de surcroît, fait quasiment tout tout seul).


Cela dit, je comprends la comparaison. Comme dans Birdemic, rien ne va. Rien. Ni le son, ni l'image, ni les acteurs, ni les dialogues, c'est un scandale que qui que ce soit ait pu croire que des spectateurs tirent du plaisir de ce film. Comme dans Flic ou Ninja le scénario n'a aucun sens, les scènes s'enchaînent sans raison, les flashbacks se mélangent au présent sans queue ni tête, comme dans The Room, des intrigues secondaires sont lancées et jamais résolues.


Visionner Twisted Pair est une expérience. Le film est très long, ou tout du moins le visionnage vous paraîtra interminable. De nombreux plans ne montrent rien, se contenant d'un leeeeent travelling de gauche à droite, puis de droite à gauche. Vous croirez à plusieurs reprises que c'est fini, avant de constater avec horreur qu'une autre scène apparaît. Le film ne respecte aucun des codes du cinéma. On en apprend beaucoup sur ce que l'on est capable de tolérer comme spectateur en regardant Twisted Pair. Peut-être est-ce une de ses raisons d'être. Ce n'est pas un nanar traditionnel. C'est un accident industriel cinématographique produit en un tournemain par un ancien agent immobilier qui a décidé de mettre en scène son délire mégalomane personnel.


Soyez prévenus.

Altay
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le 22 sept. 2019

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