Gardes pour fou

Toujours une initiative intéressante lorsque les membres du Club James Bond France offre au public un métrage.
Éric Saussine s'y colle, après sa trilogie bondienne, Shamelady, Shatterhand et Shademaker.
Philippe Lombard, grand spécialiste du cinéma d'espionnage, révélé par son ouvrage consacré à OSS117, bondologue reconnu suite à son blog Quantum of Bond (http://quantumofbond.blogspot.com/) et son Petit Livre de James Bond, s'occupe du scénario.
Avec toute leur petite équipe, il monte un petit film caustique bien sympathique.

Bien sympathique car on y retrouve Philippe Lombard lui-même au côté de Luc Le Clech, le directeur du Club James Bond France, dans les rôles de deux gardes du corps, gangsters à la manière d'Audiard. En Zardi-Attal, dirons-nous.
Bien sympathique car nos deux compères sont surtout là pour donner la réplique à l'impayable Richard Sammel (qui ressasse toute sa filmographie, inutile donc que je la rappelle ici), que l'on connaît surtout pour ses rôles de méchants dans Casino Royale et Le Caire, nids d'espions, sortis tous deux en 2006. Dans le second, il reprenait les flambeaux de Charles Millot et Horst Frank, les German Killers des plus grands Lautner.

Pourtant, s'il est formellement impeccable, le métrage semble justement fait à la façon de certains Audiard des débuts, de façon foutraque, sans que le génie de Saint-Georges n'apporte son soupçon de potion magique.
En réalité, on ne saurait dire vraiment le sens que Lombard veut donner à son récit: méta-textuel avec personae in fabula ou simplement un trait satirique contre le vedettariat et sa folie des grandeurs ? Dans le cas premier, le métrage ne parvient pas à égaler l'excellent et sans doute indépassable Garde-fou de Slimane-Baptiste Berhoun (https://www.dailymotion.com/video/xchpac), d'une durée similaire, avec sa propre vedette, mais bien mieux exploitée. Dans le second cas, c'est assez réussi quoique plutôt loufoque, farcesque.

Réalisé entre 2014 et 2019, proposé en avant-première à l'une des activités du club, consacrée aux hommes de main des méchants de James Bond, ce petit film repose intégralement sur les épaules de Richard Sammel qui prend un malin plaisir à torturer ses deux gardes du corps, interprétés néanmoins avec talent par les deux bondophiles sus-nommés.
Jouant sur la veine de l'épouvante mêlée à un humour qui choisit son public, Überstar est un petit délire bondien intéressant qui manque de peu le capital de plaisir qu'il aurait pu générer.

Un film de gardes du corps pour un sous-Garde-fou, un bon passe-temps pour fan de James Bond ou d'OSS117.

13/05/2020

Suite à un live Facebook consacré à ce film, nous apprenons qu'il n'y a aucun sens à chercher: Luc Le Clech ayant souhaité bonne chance à qui chercherait un sens.
Il s'agit donc de visionner Überstar comme un simple délire bondien, une "fantaisie", pour reprendre le terme du directeur du Club James Bond France.
Ce qui explique qu'il soit moins réussi que Garde-fou.

Allons plutôt voir, dans ce cas, la bande-annonce du court-métrage, bien plus réussie et bien plus drôle. À cette dernière, je donne un bon 10 et autant de coeurs que possible !