Ultraman drowning

Kenji Sato est le fils du célèbre Ultraman. Toutefois, il rechigne à reprendre le rôle de son père et préfère effectuer une prestigieuse carrière de baseball aux USA. Il revient pourtant au Japon pour devenir à son tour le défenseur contre les kaijus, mais cela ne plaît guère au docteur Onda qui dirige la Kaiju Defense Force. À la suite d’un affrontement terrible, Ultraman récupère un œuf gigantesque.

John Aoshima est un animateur d’animé japonais. Shannon Tindle est également animateur, scénariste à ses heures, et tous deux ont décidé de faire un film sur Ultraman dont Shannon Tindle a écrit l’histoire avec le scénariste Marc Haimes. Il est à noter que ces trois artistes ont tous travaillé sur Kubo and the two strings.

Tout d’abord, le graphisme stylisé navigue entre les images de synthèse 3D et le dessin animé. Ces variations, si elles sont esthétiques, perturbent le spectateur qui ne sait plus s’il est dans un film destiné aux adultes ou une œuvre pour la jeunesse. Le trait est caricatural, trop à mon sens, car il jure avec ces images de synthèse photoréalistes. Par ailleurs, cette œuvre ne comprend pas de tableau particulièrement impressionnant et même les créatures géantes sont trop peu présentes pour en mettre plein les yeux.

Le héros est effroyablement antipathique. Physiquement d’abord, son visage est une caricature de méchant colérique. Son comportement, ensuite, est celui d’un petit garçon capricieux en manque d’attention. Enfin, il passe son temps à geindre et même à pleurer. Du coup, c’est très difficile de s’attacher à cette tête de con qu’on bafferait avec plaisir. Par ailleurs, l’histoire est un drame psychologique entre un fils en colère contre son père trop souvent absent pendant sa jeunesse alors que tous deux souffrent également de la disparition de la mère. Le film tombe donc dans le mélodrame en rajoutant du malheur à la tristesse déjà très présente. Aucune romance ne vient tempérer toute cette détresse alors que le personnage d’Ami aurait été parfait, spécialement parce qu’elle élève seule sa fille. L’idée est pourtant ébauchée, mais jamais construite, et c’est très maladroit. En effet, la présence de la journaliste aurait apporté son lot d’humour, de tendresse, et aurait détendu la relation père-fils vraiment très lourde. Enfin, le méchant est lui aussi très malheureux, et tout ce monde passe beaucoup de temps à pleurer pendant que les kaijus, eux, aimeraient bien être plus souvent devant la caméra. C’est vraiment pénible.

Ultraman Rising est un prétexte pour étaler du drame où tout le monde a perdu une partie, voire toute sa famille : le héros, son père, le méchant, le bébé kaiju et la fille de la journaliste (elle a perdu papa). Du coup, on passe trop de temps à écouter tout ce monde pleurer et pas assez à s’intéresser aux kaijus, aux antagonismes avec la KDF ou à l’exploration des pouvoirs d’Ultraman. On reconnaît ici la patte de Netflix qui se vautre dans le malheur plus ou moins crade au détriment d’une vraie intrigue ou même de l’action.

Ultraman Rising est une séquelle parfaitement inutile qui n’apporte rien à l’œuvre originale, ni graphiquement, ni scénaristiquement, ni même émotionnellement. On ne s’attache à personne et seule la traditionnelle scène post-générique vendant la suite éveille un peu notre curiosité. Mais c’est trop tard, le film est déjà terminé. N’insistons pas et passons notre chemin.