....qui ne sait plus trop où il en est.
"Un autre monde" est un film qui ni ne dénonce ni n'apporte de solutions. Il raconte juste l'Histoire d'un homme, grand cadre dans un gros groupe d'électroménager, qui voit sa vie s'effriter et, qui jusqu'au bout a du mal à faire le lien entre les causes et les conséquences de ses naufrages tant professionnels que personnels.
Les jeux d'acteurs sont bons et subtils, les jeux cinématographiques, les prises de vue, les choix faits dans la manière de filmer, tout vient s'entremêler pour traduire le flottement que traverse le personnage principal. Un flottement qui survient lorsqu'on ne peut plus se cacher que quelque chose ne tourne pas rond, mais que quand même on continue sur la même route.
Les rares scènes avec le fils ( incarné par Anthony Bajon très prometteur) viennent forcer les prises de conscience du père, pourtant incapable de trancher, d'imposer, de s'opposer.
Un homme pris dans un engrenage dans lequel il ne croit plus, avec lequel un désaccord se construit peu à peu, et dont pourtant il ne peut se défaire.
Le film a la pudeur de laisser le spectateur penser et réfléchir par lui-même; il montre des scènes, juxtaposées les unes aux autres; comme dans nos vies, on passe d'un plan à l'autre; des plans, qui, pour le personnage principal, se fissurent tous à un certain endroit; libre au spectateur d'y voir, ou pas, des liens de cause à effet.
L'intrigue tourne essentiellement autour du personnage joué par Vincent Lindon, et on pourrait regretter que Sandrine Kimberlain, Anthony Bajon ou Marie Drucker ( et tous les autres moins connus) n'aient pas de rôles plus larges et à leur hauteur. Néanmoins, dans la construction du scénario, ces "petits" rôles en sont des grands tant ils viennent mettre en relief la débâcle intime que traverse le personnage principal. Ils apparaissent comme des catalyseurs, comme autant de petits cailloux qui le mèneront au vrai courage.
Ce courage, maintes fois exhorté dans le film, et qui finalement pose la question du VRAI courage; où se situe-il? Quel est-il ?
Pas de happy end ici; juste une tranche de vie qui se termine pour passer à autre chose. Il reste une page blanche à écrire pour chacun des membres de cette famille, une reconstruction à faire et où l'on sent que les blessures soulevées pendant 2 h seront profondes et difficiles à surmonter. Ceci dit, il se dégage du plan final une certaine forme d'apaisement, malgré les difficultés non réglées et à venir. Tout cela salué par les mots d'Anne Sylvestre.
Un film à voir...