Un condamné à mort s'est échappé est un huis clos où l'on suit le jeune lieutenant Fontaine capturé par les allemands durant la deuxième guerre mondiale et qui va chercher tout au long du film à s'évader de sa prison.


Film en noir et blanc appartenant donc à la première période de réalisation de Bresson, on y trouve déjà son style épuré, tant au niveau des décors que des dialogues et du jeu d'acteur ou encore de l'ambiance sonore qui se limite comme toujours aux bruits intra-diégétiques.
Tout le film suit donc Fontaine qui va tenter une évasion, étape par étape. A commencer par voler une cuillère en fer, l'aiguiser pour couper petit à petit les planches de sa porte de cellule, jusqu'à la corde fabriquée de draps et vêtements et consolidée par le fil de fer qui constitue le sommier de sa paillasse. Si les gros plans et les explications de la voix off du personnage nous donnent au début un sentiment d'inventivité habile de la part du protagoniste, c'est dommage qu'il n'en soit pas de même tout le temps. A force on finit par avoir l'impression de regarder un épisode de MacGyver où certaines fabrications relèvent plus de la facilité scénaristique que de l'ingéniosité du personnage (le colis de vêtement qui arrive d'on ne sait où juste au bon moment pour compléter la corde en manque de drap par exemple). Quant à la voix off, pratique pour éviter à l'acteur d'avoir à trop transparaître d'émotions et rester ainsi dans la veine du style Bresson, elle ne sert à rien quand elle nous annonce 10 secondes à l'avance ce qu'il va se passer ("un peu plus tard une fois encore je crus à l'anéantissement de mes efforts" juste avant qu'un geôlier rentre dans la cellule) si ce n'est désamorcer un quelconque effet de surprise, ce qui est triste sachant par le titre à l'avance la réussite du personnage. Evidemment c'est là aussi une habitude de Bresson de dévoiler la fin du film dès le début ce qui ne dérange pas car c'est toute la progression qui en devient alors importante et sur laquelle on se focalise (ici la préparation à l'évasion) mais alors il ne fallait pas tenter d'intégrer des scènes à suspense (comme l'allemand que doit supprimer Fontaine) car le spectateur connaissant la fin ne tremble pas un instant pour le personnage le sachant hors de danger. Rajoutons cependant que le cinéma de Bresson n'est pas un cinéma de scènes d'action, ainsi il est légitime de ne pas s'y attarder et de les faire se dérouler en hors-champ mais leur crédibilité est tout de même douteuse.


Un film type Bresson donc, où l'on se doit tout de même de saluer la beauté de bon nombre de plans qui restent très esthétiques dans un décor pourtant très simple. Et malgré tous les petits reproches ci-dessus, on sent très nettement la maîtrise de la mise en scène par le réalisateur dans un style qui est déjà le sien.

Emile_Belleveaux
7

Créée

le 27 juin 2015

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