Voici un film de John Frankenheimer de 1962 que j'ai découvert il n'y a pas si longtemps, peut-être cinq ans. Par contre, c'est un film – fascinant - que j'ai vu plusieurs fois, peut-être quatre ou cinq.

La première fois, j'ai cru que je n'avais rien compris ou que des éléments essentiels m'avaient échappé. En fait, le scénario (qui est tiré d'un roman que je ne connais pas) est très bien ficelé. La première fois que j'ai regardé le film, je ne me suis attaché qu'à certains éléments explicites et à la fin, j'avais plein de questions sans réponse. Lors des visionnages suivants, j'ai découvert d'autres facettes de certains personnages façon puzzle, éclairant peu à peu des personnages anodins et secondaires mais au comportement bizarre. Et j'ai toujours des questions sans réponse …

Là, je me lance dans cette critique mais je n'exclue pas de la remanier lors d'un prochain visionnage. Car l'impression générale que me donne ce film c'est à la fois celui des poupées russes et du scénario à tiroirs. Il y a toujours une poupée plus petite à trouver et il y a toujours un tiroir que je n'ai pas ouvert …

L'histoire repose sur un fait d'armes d'une section américaine pendant la guerre de Corée qui parvient à revenir avec relativement peu de pertes grâce à l'un d'entre eux, Raymond Shaw, qui recevra la plus haute décoration US. Cependant, il apparait rapidement que la section a été capturée par les chinois/soviétiques, grâce à un traitre, que tous ont soigneusement subi un lavage de cerveau avant de retourner apparemment vainqueurs. L'objectif des communistes est clairement d'implanter dans les cerveaux de Raymond Shaw et, éventuellement, d'autres gens de la section, la faculté de devenir des "agents dormants". De retour au pays, ils deviennent alors des pions avancés de l'ennemi en plein territoire américain. L'autre élément phare du film est la mère de Raymond Shaw, violemment anti communiste (pour faire simple, on pourrait dire McCarthyste) qui manipule à la fois son fils et son mari. Son objectif : que son mari atteigne les marches du pouvoir et pourquoi pas la présidence des USA de sorte à implanter un régime autoritaire. Anti-communiste, vraiment ?

Déjà, là, se posent des tas de questions auxquelles je ne suggérerai aucun élément de réponse car je pense que c'est à chacun de se faire son opinion.

Mais le film c'est aussi une enquête diligentée par l'Armée autour de Raymond Shaw dont on soupçonne un comportement pour le moins ambigu lors de cette fameuse mission. Participe à cette enquête, le capitaine Marco qui était le chef de Raymond Shaw … En principe, clean.

Mais que vient faire cette étrange fille que le Capitaine Marco rencontre fortuitement dans un train alors qu'il est en plein stress ? Est-ce une simple romance d'une femme subitement séduite par ce beau militaire ou autre chose ?

J'arrête car j'ai déjà livré bien trop de choses … Et il me reste à parler du casting.

Deux acteurs phares :

Frank Sinatra, excellent dans son rôle de capitaine de la fameuse section, au bout du rouleau à cause des cauchemars qui l'habitent. Il est impliqué dans la commission d'enquête et se heurte à bien des difficultés. Chaque fois qu'il croit comprendre, un nouvel élément vient lui obscurcir la vue. Mais est-il pour autant clean ou libre ?

Angela Lansbury, qui vient de disparaître il y a quelques jours. Fascinante. Elle fait froid dans le dos. Excellente et inoubliable. C'est la mère manipulatrice qui tient sous son pouvoir son fils Raymond Shaw et son mari. Au fait, pour qui roule-t-elle ?

Les autres acteurs sont excellents dans ce thriller :

Laurence Harvey qui joue le rôle de Raymond Shaw, l'homme objet de la double manipulation …

Reggie Nalder (que j'ai toujours vu dans des rôles de tueur chez Hitchcock par exemple) (sur son front, c'est écrit méchant).

Janet Leigh dans le rôle équivoque de la nana qui tombe amoureuse de Sinatra alors qu'il est en plein stress, infoutu d'allumer une cigarette et suant comme un bœuf. Bon courage ! A moins que …

Au final : "the Manchurian candidate" ou "un crime dans la tête", est un film fascinant, complexe, machiavélique. Comme Angela Lansbury, un film qui fait froid dans le dos, superbement réalisé par Frankenheimer en pleine guerre froide.

A moins que Frankenheimer soit en train de nous manipuler, lui aussi ?


JeanG55
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le 12 oct. 2022

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