Un, deux, trois
7.2
Un, deux, trois

Film de Billy Wilder (1961)

Intéressant, mais j'ai dû rater le train...

Une comédie sur la guerre froide filmée à Berlin, sauf que le mur a été construit au même moment que le tournage, privant le film d'une partie de son argument.

McNamara est une caricature d'homme d'affaire américain, qui adore raccrocher brusquement au téléphone après avoir aboyé ses ordres, claquer des doigts en organisant tout à la baguette, qui trompe sa femme avec sa secrétaire très early sixties et qui gâte ses enfants à défaut de les voir.

Il est le directeur de Coca Cola pour Berlin-Ouest. Mais il doit chaperonner la fille de son patron, une délurée irresponsable. Et oui, vous vous en doutez : pour rigoler, celle-ci tombe amoureuse d'un jeune est-berlinois idéaliste, Piffl, qui ne porte pas de caleçon et croit au programme spatial soviétique. McNamara le fait arrêter par la police. Puis, sur un chantage de sa femme, se démène pour le faire évader. Le reste du film est consacré au relookage du jeune homme, qu'il faut déguiser - contre son gré - en capitaliste le temps de convaincre le père, un Sudiste anticocos.

C'est bourré de traits d'esprit, d'allusions au contexte politique (jusqu'à un sujet brûlant, la guerre d'Algérie). Le truc qui m'a fait le plus rire, je pense, c'est le portrait de Khrouchtchev qui bouge parce que nos amis dansent trop fort, et qui finit par tomber, laissant apparaître un portraît de Staline. Idem, tous les shoots à la porte de Brandebourg ou dans les rues de Berlin apportent une vraie plus-value au film. Et toujours cette photo noir et blanc de Wilder, si unique. Je pense que je la reconnaîtrais entre mille.

Mais j'ai eu un peu de mal pour deux raisons.

D'abord, j'adore James Cagney. Mais ici, son débit de mitraillette a fini par me lasser un peu. Cette séance de relooking, de conversion forcée du jeune communiste m'a mis un peu mal à l'aise, et entendre pendant quasiment un quart d'heure Cagney répondre du tac au tac pour résoudre une situation désespérée m'a sembler au final tomber un peu à plat. On est dans la comédie sur le choc des cultures à la "Rabbi Jacob", mais à ce moment le film s'englue un peu. Même l'emploi de "La danse du sabre" de Katchatourian finit un peu par lasser. Ou alors je ne suis pas rentré dans le film.

Et puis bon, s'il y a quelques vannes à l'intention des capitalistes, le public visé est tout de même le public américain, qu'il ne vaut mieux pas trop choquer ou bousculer dans ses convictions. Au terme de son parcours, Macnamara ne connaît aucune évolution : de stéréotype, il devient personnage principal mais ne se remet pas vraiment en question. Il continuera probablement à tromper sa femme et négliger sa famille.

Pourtant, Wilder n'est pas un naïf (cf "Le gouffre aux chimères"), et son intention de traiter un sujet délicat est tout à son honneur. Mais ce coup-ci, le sujet était peut-être un peu trop gros pour faire plus qu'une comédie neu-neu qui fait passer un moment agréable.
zardoz6704
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le 20 janv. 2014

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