Avec la belle Fleur, on s’apprêtait à entamer un cycle bordélique avec du Melville, du Verneuil et du Clouzot dedans. Un cycle « classiques du polar » en somme. Inévitablement, Bebel serait intervenu à un moment donné. On est rattrapé par l’actu, triste ironie. On commence par Delon pour conjurer le sort mais finalement, on le conjure pas tant que ça puisque Un Flic est le dernier film de Melville sorti un an avant sa mort. L’histoire raconte les aventures d’un groupe de braqueurs d’une part et l’enquête d’un commissaire de police pour les retrouver d’autre part. Le récit avance donc selon deux points de vue. La première scène est absolument frappante pas sa stylisation et par sa violence et sa tension contenues. C’est froid comme une agence de la BNP et fiévreux comme la peur que l’engrenage se grippe. S’ensuit la cavale. Cette première partie est réellement renversante par son rythme et son minimalisme. C’est ensuite que l’on croise Delon en commissaire. Delon en Delon. Delon froid et désagréable. Delon qui interprète la seule expression que son personnage semble lui inspirer. Ce sont presque deux films en un en réalité. Autant j’aime beaucoup les scènes qui mettent en scènes les délits des braqueurs, autant la vie du flic m’indiffère presque autant que Delon lui-même. Le film prend son temps, trop parfois mais ça nous ramène à un cinéma qui recherchait moins l’efficacité à tout prix qu’une ambiance. Ainsi, le braco en hélico mise sur le réalisme (jolies maquettes d’ailleurs) et on enchaîne de longs plans de changements de tenue ou de conversations de diversion. D’une certaine manière, on est presque en temps réel et c’est une sorte de tension continue rompue, de rythme syncopé. C’est en fait, très surprenant. Au final, c’est un vrai regret que de devoir se farcir ce Delon sûr de lui et blasé tant il y avait des motifs de réjouissances par ailleurs. Un thriller intéressant donc, à défaut d’être pleinement satisfaisant.

Konika0
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Konika0 - Vus ou revus en 2021.

Créée

le 12 sept. 2021

Critique lue 84 fois

2 j'aime

Konika0

Écrit par

Critique lue 84 fois

2

D'autres avis sur Un flic

Un flic
Sergent_Pepper
5

Le gang des pastiches

La construction d’une œuvre et sa réception par celui qui la contemple est du ressort de l’alchimie : il existe bien une formule, reste à savoir si le mélange et ses effets vont être opérants. C’est...

le 30 mai 2014

41 j'aime

14

Un flic
Chaiev
5

Train d'ennui pour Lisbonne

Ah si le film s'arrêtait dix minutes après le générique, on ne serait pas loin du chef-d'oeuvre : une ville fantôme, tout en béton, près de la mer déchainée, la pluie, le brouillard, une petite...

le 21 nov. 2010

33 j'aime

9

Un flic
Ugly
7

Chant du cygne d'un grand cinéaste

Dernier film de Jean-Pierre Melville, le plus américain des réalisateurs français, il est souvent méconnu, mésestimé ou mal compris. Certes, ce film n'a pas la force et la perfection des grands...

Par

le 29 juil. 2018

31 j'aime

13

Du même critique

Calmos
Konika0
7

Barbmos

Le hasard fait succéder Calmos à Barbie. Mais le hasard n’existe pas, diront certains. Et réellement, on tient là un concept bien plus porteur que le Barbenheimer supposé condenser toutes les...

le 5 août 2023

6 j'aime

2

Bowling Saturne
Konika0
2

Commissaire Moulin contre les chasseurs masculinistes

Ce sont le synopsis mystérieux, l’affiche idoine et le succès critique qui m’ont amené à lancer le film. Que de vile tromperie dans ce monde. Ils sont deux frangins. L’un est commissaire de police et...

le 21 mai 2023

6 j'aime

L'Antre de la folie
Konika0
7

Un autre Carpenter

D’une certaine manière, L’Antre de la Folie occupe une place un peu spéciale dans la filmo de Carpenter. Il a quelque chose de différent et c’est ce qui m’a donné envie de le revoir. Un auteur à...

le 11 sept. 2021

5 j'aime