Avec la belle Fleur, on s’apprêtait à entamer un cycle bordélique avec du Melville, du Verneuil et du Clouzot dedans. Un cycle « classiques du polar » en somme. Inévitablement, Bebel serait intervenu à un moment donné. On est rattrapé par l’actu, triste ironie. On commence par Delon pour conjurer le sort mais finalement, on le conjure pas tant que ça puisque Un Flic est le dernier film de Melville sorti un an avant sa mort. L’histoire raconte les aventures d’un groupe de braqueurs d’une part et l’enquête d’un commissaire de police pour les retrouver d’autre part. Le récit avance donc selon deux points de vue. La première scène est absolument frappante pas sa stylisation et par sa violence et sa tension contenues. C’est froid comme une agence de la BNP et fiévreux comme la peur que l’engrenage se grippe. S’ensuit la cavale. Cette première partie est réellement renversante par son rythme et son minimalisme. C’est ensuite que l’on croise Delon en commissaire. Delon en Delon. Delon froid et désagréable. Delon qui interprète la seule expression que son personnage semble lui inspirer. Ce sont presque deux films en un en réalité. Autant j’aime beaucoup les scènes qui mettent en scènes les délits des braqueurs, autant la vie du flic m’indiffère presque autant que Delon lui-même. Le film prend son temps, trop parfois mais ça nous ramène à un cinéma qui recherchait moins l’efficacité à tout prix qu’une ambiance. Ainsi, le braco en hélico mise sur le réalisme (jolies maquettes d’ailleurs) et on enchaîne de longs plans de changements de tenue ou de conversations de diversion. D’une certaine manière, on est presque en temps réel et c’est une sorte de tension continue rompue, de rythme syncopé. C’est en fait, très surprenant. Au final, c’est un vrai regret que de devoir se farcir ce Delon sûr de lui et blasé tant il y avait des motifs de réjouissances par ailleurs. Un thriller intéressant donc, à défaut d’être pleinement satisfaisant.