Un père de substitution

Dans le quartier de Ménilmontant, un garçon de 10 ans vit avec sa mère, qui gère un café rue des cascades. Celle-ci, qui vit en tant que veuve, a trouvé un nouvel amour en la personne d'un jeune homme de couleur noire, ce qui ne plait pas du tout à son fils. Mais cet homme va s'accrocher pour se faire accepter auprès de cet enfant.

En produisant lui-même ce film, Maurice Delbez n'a pas eu de chance, car des soucis de distribution de la Columbia l'ont contraint à le retirer très rapidement des écrans (où son premier titre était Un gosse de la butte), au point qu'il sera endetté, stoppera sa carrière au cinéma, et il se tournera ensuite vers la télévision. C'est vraiment dommage, car le film n'a pas à rougir d’autres œuvres sur l'enfance, dont la plus connue à l'époque était Les 400 coups, et de plus, il traite de manière courageuse du racisme. C'est aussi dû au talent de Serge Nubret (qui était d'ailleurs un culturiste), à la fois très doux et sensible, qui ne laisse jamais démonter de sa condition (dans le contexte de l'époque) afin d'être accepté de tous, et surtout de cet enfant qui l'appelle au départ le nègre ou Bamboula.

Mais le film dégage également beaucoup de charme, avec sa description en noir et blanc du Paris des années 1960, qui fait penser au Ballon rouge (tourné aussi à Ménilmontant), des garçons qui font des bêtises, ou la rencontre d'une jeune fille également âgée de 10 ans. Le tout est avec de la grâce, sans vulgarité et aussi avec le naturel de ces enfants, en particulier Daniel Jacquinot.

Peut-être que certaines scènes sentent un peu le remplissage, notamment tout ce qui concerne l'amie de Madeleine Robinson et son issue tragique, mais Rue des cascades est sans nul doute une belle leçon de vie, celle de Serge Nubret qui s'attache à ce garçon mais qui lui pave le chemin pour devenir un homme.