"Vous l'auriez su si vous étiez venue ... " "SALOPE, SALOOOOOOPE"

Applaudissements. Rémi Bezançon a accouché d'un joli film, très poétique, très réaliste, très touchant. Tout commence avec une histoire d'amour, belle, fraîche et simple. Pio Marmai incarne l'homme que l'on a un peu toutes à la maison et son duo avec Louise Bourgoin est exceptionnel. L'amour, toujours, donne à ces scènes charnelles une puissance décuplée, qui ne sont pas là que pour faire joli. Très rapidement, un bébé pointe le bout de son nez, et le titre ironique "Un heureux évènement" prend tout son sens. Car le message principal de cette histoire c'est que la grossesse ne respecte pas tous les stéréotypes que l'on veut bien nous faire croire depuis des lustres : non, attendre un enfant n'est pas systématiquement synonyme d'un état de grâce à toute épreuve, d'une paix intérieure et d'une joie contagieuse. On découvre (pour ceux qui ne le savaient pas encore) les nausées matinales, les sautes d'humeur, la prise de poids, les pics hormonaux, mais aussi la pression que les femmes peuvent recevoir de la part de leur famille et de la société en général.
Plus qu'une naissance, on assiste aussi à un changement complet de mode de vie. Que se passe t-il après la naissance? Comment s'adapte t-on à un bébé? Comment peut-on passer de 2 à 3 dans une maison? Et le baby blues, ça existe? Si les femmes sont les mieux placées pour répondre à ce type de question, c'est pourtant un homme qui a choisi d'adapter le roman d'Eliette Abécassis. C'est peut-être pour cela que le film est si drôle et qu'il a réussi à montrer le rôle du père, pas si secondaire que ça finalement. L'œil extérieur de Rémi Bezançon est donc efficace et il réussit, d'un petit coup de caméra, à nous faire passer des rires aux larmes en un rien de temps.
Non négligeable, la bande-son est elle aussi un succès : entre la plainte de Yaël Naïm lors d'une séquence de désespoir, la voix suave de Mark Lanegan, la scène rock de Queens of the Stone Ages, et la musique douce et mélancolique de Sinclair.