Un triste et éternel recommencement

Magnifique film tiré de la bande dessinée documentaire éponyme d’Étienne Davodeau et Kris, inspiré d’une histoire vraie, celle de la réalisation d’un film documentaire sur les manifestations de Brest de mars et avril 1950 durant lesquelles les forces de l’ordre ont tiré sur la foule et tués le jeune Édouard Mazé, 26 ans, d’une balle dans la tête.

La situation est explosive durant cette période d’après-guerre, les grévistes réclament de meilleurs salaires à leurs patrons qui ne veulent rien lâcher, et la réponse des forces de l’ordre face à la colère et à la violence de cette précarité ouvrière est alarmante et horrifiante. Le film illustre donc une bavure policière très grave, dans laquelle personne n’a été mis en cause (c'est surtout cela que je retiens et que je déplore), alors même qu’un homme est mort, et ça fait froid dans le dos. Je dois dire que l’œuvre trouve un écho particulier dans cette période actuelle, et qu’elle m’aura fait beaucoup réfléchir, notamment sur le manque de justice dans notre pays à l’égard des représentants de la loi qui commettent des fautes.

Artistiquement parlant, l’histoire est très bien scénarisée, l’animation est remarquable, originale, et surtout, vraiment jolie dans son ambiance sombre et mélancolique. La musique est soignée. Les acteurs sont bons. Le poème de Paul Eluard, qui cristallise toute cette histoire, est sublimé.
En synthèse, le film est très réussi. Il est le témoignage d’une vie gâché, arraché. Le témoignage d’une lutte ouvrière prit à la gorge. Le témoignage aussi d’un combat syndicaliste. Empreint d’émotions, on ne saurait rester indifférent devant tant de colère, de tristesse, et de courage. Pour moi, le film est tout simplement d’utilité publique, même si malheureusement, il ne dépeint pas une image glorieuse de nos institutions.

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