Brest même

Une production sans prétention pour Arte. Si c’est pour Arte, ça se tente. Il s’agit de l’adaptation d’une BD d’Etienne Davodeau qui signe ici également le design graphique. Nous sommes à Brest au lendemain de la seconde guerre mondiale. Brest est ravagée, il n’en reste pour ainsi dire plus rien. Les gens vivent dans des baraques, dans des camps sans route ni commodités. Tout est à reconstruire et les ouvriers du bâtiment sont allègrement exploités. Le syndicat veille au grain et pousse à la grève. Un jour, lors d’une manifestation, la police tire. Un des partisans s’effondre. La rage est intérieure et la tentation est grande de l’extérioriser. Arrive alors un réalisateur de documentaire qui permettra à tous d’exprimer leur colère. Il faut aimer le style de Davodeau, très bon conteur maîtrisant parfaitement un rythme paisible mais décidé. Il faut aimer aussi son dessin, ce qui n’est pas forcement mon cas. Le récit fonctionne très bien et on s’attache vite aux personnages et à l’ambiance post-apocalyptique du lieu. Il y a certaines très belles scènes, celles qui montrent la réalisation du doc, bel hommage à la force du cinéma. On partage le sentiment et la colère de ces types qu’on laisse croupir dans la boue pendant qu’ils reconstruisent une ville nouvelles avec leurs petites mains. On regrettera quelques plans bidouillés à la sauce numérique, et pas la plus fine. On regrettera surtout que le film fasse l’impasse sur le décor et le contexte. Ces personnages parleraient presque comme des gars de Belleville ou de Ménilmontant. Des doubleurs locaux auraient certainement donné plus de vie à tout ça sans compter qu’un doublage bilingue breton/français aurait été plus crédible. Là, ça peut être Brest … ou n’importe quelle ville ravagée. Dommage. Pour le reste, c’est un bon moment et une belle histoire.