"Un homme pressé" est adapté de l'histoire vraie de Christian Streiff, l'ancien PDG de PSA Peugeot Citroën qui fût victime d’un AVC en mai 2008. C'est aussi la première réalisation en solo de Hervé Mimran qui avait collaboré avec Géraldine Nakache sur "Tout ce qui brille" et "Nous York". Il signe ici son meilleur film à ce jour.
Alain est un homme d'affaire parisien respecté et influent et donne des interventions à la fac dans le cadre du concours d'éloquence. Courant après le temps, il ne s'arrête jamais pour lui ou pour sa famille. En plein surmenage, il est victime d'un AVC et entrainant des troubles du langage et de la mémoire. Il va donc devoir faire preuve de patience et de repos lors de sa rééducation qui lui ouvrir les yeux sur tout ce qu'il a mis de côté jusque là dans sa vie...
On s'oublie soi-même derrière une fausse renommée, une réputation qui écrase notre valeur personnelle et nos besoins vitaux. C'est de ça dont parle "Un homme pressé". Ici, le quotidien d'Alain est overbooké et son corps le lui fait comprendre par un accident cérébral. Au delà de la force comique avec laquelle Fabrice Luchini nous embarque, c'est un véritable appel à la liberté que dresse le film : une quête vers soi-même, reconnecter avec le gout de vivre. C'est donc à la fois drôle et touchant et de façon réaliste, il éveille une réflexion nécessaire : sommes-nous vraiment heureux ? Y a-t-il des choses que je n'ai pas encore pris le temps de réaliser ? Qu'est-ce qui est primordial et essentiel pour moi ?
Evidemment, le film ne serait rien sans Fabrice Luchini, qui, par son jeu atypique et son visage illuminé, porte toute la subtilité risible de cette situation. Il déclame avec un naturel déconcertant des répliques incohérentes mais pourtant compréhensibles par le sens qu'il leur apporte. Il bégaye, trébuche sur les mots, fait des contre-sens, et ce, sans nous perdre et rentrer dans la caricature d'une quelconque folie. Le début est sans doute le plus jouissif et ses rendez-vous avec l'orthophoniste jouée par Leïla Bekhti (la "psychopathe" comme il l'appelle) apporte quelques jolis moment, chargés d'émotions notamment.
Bien que le développement soit prévisible et se perde dans des longueurs, "Un homme pressé" marquera les esprits par la cohérence de son message. Dommage qu'on ne s'attache pas autant au personnage de l'orthophoniste ou de sa fille unique, pourtant bien tenus, mais dont les problèmes personnels ne nous parviennent pas. La fin, aussi, n'est pas à la hauteur de son début épatant. Inégal, donc.