D'après le Goncourt éponyme de 1928, Willy Rozier produit une adaptation désarmante et, bien souvent, risible, tellement le film est mauvais.
En amoureux du Grand Nord, le français Jacques Monge est trappeur au Canada et il est le héros d'une aventure qui tourne au mélodrame sentimental et familial. Rozier a poussé l'ambition jusqu'à tourner, semble-t-il, les extérieurs au Canada. Pour un résultat dérisoire.
Sur la forme, sa réalisation est d'une grande médiocrité, avec des séquences d'une maladresse insigne -tel ce moment où le copain du héros reçoit une balle dans l'épaule puis apparait dans la foulée torse nu devant le docteur sans la moindre égratignure. Détail, mais qui n'a quand même pas pu échapper à Rozier.
Celui-ci rate surtout les personnages -complètement inhabités -qu'il distribue à des comédiens de second plan, particulièrement mauvais ici. Dans le rôle principal, Jacques Bergerac, plus connu pour avoir été le mari de Ginger Rogers que pour ses compositions, est très faible. Et puis, le réalisateur se montre incapable, lorsqu'il filme une communauté villageoise de la province de Manitoba, de lui donner la moindre authenticité - ou, a contrario, une valeur romanesque- ni de reproduire un quelconque contexte, social, historique, géographique. Ce qui enlève toute vérité au sujet. Au point qu'à certains égards, son film annonce "La petite maison dans la prairie"...
La mise en scène, le montage, sont approximatifs (l'ellipse temporelle, ce n'est vraiment pas le talent de Rozier). Les dialogues sont nuls, qui contribuent aussi à l'indigence des personnages. Quant au titre du film, on est, jusqu'à la dernière phrase, dans l'expectative. Et l'explication est très futile.