Attaque à béton armé
Qu’on ne s’y trompe pas, même si la fougue de l’indomptable De La Iglesia ne s’y exprime pas avec la même férocité que dans ses autres rejetons, Un jour de chance porte toutefois sa rage...
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le 13 janv. 2015
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Un publicitaire espagnol quadragénaire est au chômage depuis deux ans,ce qui le fait déprimer.Après s'être fait recaler une énième fois à un entretien d'embauche,il part à Carthagène pour revoir l'hôtel où sa femme et lui avaient été si heureux jadis.Mais l'établissement n'existe plus et a été transformé en un musée,sous lequel a été découvert un théâtre antique actuellement en travaux.Roberto s'aventure sur le chantier et fait une chute.Etalé sur une grille,il ne s'en sort pas trop mal,à l'exception d'un léger détail,cette tige de fer enfoncée à l'arrière de son crâne sur laquelle il est tombé.Il ne peut bouger et les secours arrivent,mais personne ne sait vraiment comment le sortir de là,retirer le morceau de ferraille pouvant provoquer une hémorragie fatale.Pendant ce temps les curieux,alléchés par une photo postée sur le téléphone d'un ambulancier,affluent sur le site et les médias,vite en alerte,se précipitent pour couvrir l'évènement.Retrouvant ses réflexes professionnels,Roberto,toujours gisant,engage un agent afin de monnayer l'exploitation publique de sa situation.C'est toujours pareil avec Alex de la Iglesia,Alexandre Deléglise en français.Des idées de départ prometteuses,du style,de l'originalité,de l'ironie mordante,donc à chaque fois on espère que ça va être bien,et à chaque fois ça foire.Les bons débuts tournent court et ça fait vite pschitt,la faute à une mauvaise gestion du rythme,au manque de rigueur scénaristique et à cette fausse insolence masquant mal une niaiserie conventionnelle ringarde.Ca se voudrait drôle,subversif et malin,ce n'est rien de tout ça et ce n'est pas cette pauvre critique de la société médiatico-capitaliste qui va relever le niveau d'une filmographie décevante.Comme d'hab,Alex est incapable de trouver le ton juste et sombre dans une clownerie trop énorme pour être crédible qui distille un humour trop faiblard pour être amusant.Dès lors,ça tourne en rond et à vide,ça se répète et ça s'éternise autour de ce brave type immobilisé.Le cinéaste s'enferre tout seul dans son huis-clos en plein air,ajoutant le statisme figé à un scénario déjà en panne de développements.Tout un tas de personnages vont et viennent autour du malheureux en parlant pour ne rien dire.Ca arrive,ça s'en va et ça revient,ça part faire des apartés pour donner l'impression d'aérer la narration,et le temps finit par paraître bien long au spectateur,ce qui pour un film qui ne fait qu'une heure et demie est un exploit.Le tropisme excessif de de la Iglesia frappe encore à travers ces protagonistes aux comportements trop ostensibles pour être vraisemblables.Dans la réalité,les salauds sont plus rusés que ça et savent être discrets tout en s'exprimant dans une solide langue de bois.Ici,tout le monde se montre sans vergogne dans toute sa laideur morale,du maire qui veut sauver son inauguration à la directrice du musée qui ne veut pas qu'on touche à ses pierres classées,de l'agent requin obsédé par le fric au patron de chaîne qui négocie durement pour obtenir l'exclusivité tout en lâchant le moins d'oseille possible,en passant par les publicistes qui ont rejeté Roberto et craignent de subir un mauvais buzz.Et puis il y a tous ces gens qui ne connaissent rien de la victime mais viennent s'abreuver du spectacle,le jeu étant de deviner si le gars va ou non crever.A force de vouloir dénoncer violemment la déshumanisation de la société le cinéaste,flanqué de son scénariste Randy Feldman,en fait beaucoup trop pour qu'on puisse le prendre au sérieux.Et puis il y a la morale douteuse traditionnelle de Super Alex,qui s'exerce ici via les agissements de Luisa,l'épouse de Roberto.Elle fait tout pour saboter les manoeuvres de son mari,et elle y parviendra en lui mentant.Parce que si le mec veut monnayer son malheur,ce n'est pas par appât d'un gain dont il a de toute façon peu de chances de profiter.Il voit juste là l'occasion de mettre à l'abri financièrement sa famille,de résoudre ces problèmes d'argent qui lui pourrissent la vie depuis longtemps et le font se sentir comme un minable qui n'assure pas un caramel.Mais non,sa conne de femme ne veut pas de ce deal,elle a sa fierté et elle préfère refuser à son mari mourant l'ultime satisfaction d'avoir résolu l'avenir de ses proches,quitte à rester dans sa merde en compagnie de ses deux enfants pas autonomes pécuniairement.Voilà,c'est la morale selon Saint-Alex,l'argent c'est mal quelles que soient les circonstances.Pas sûr qu'il voie les choses comme ça quand il passe à la caisse en vendant ses films médiocres.Sinon le décor du théâtre antique est magnifique,heureusement vu que c'est à peu près le seul,et la distribution réunit un joli paquet de stars du ciné ibérique.Si l'inconnu José Mota manque singulièrement de présence dans le rôle principal et que la star mexicaine sur le retour Salma Hayek n'en a pas plus en épouse manipulatrice,les autres sont plutôt bons.Blanca Portillo en conservatrice brute de décoffrage,Juan Luis Galiardo en maire veule et adipeux,Fernando Tejero en agent cupide,Manuel Tallafé en vigile bien embêté,Antonio Garrido en médecin dépassé,Juanjo Puigcorbé en magnat de la télé,Santiago Segura en publicitaire faux-jeton,Antonio de la Torre en patron d'agence dynamique,Nacho Vigalondo en pompier avisé et Carolina Bang,vedette féminine l'année précédente de "Balada triste" du même de la Iglesia,en reporter empathique,sont tous excellents.Note et critique de film d'Alex de la Iglesia publiées précédemment:"Messi-The movie"-6.Moyenne:5.
Créée
le 24 oct. 2025
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