Un jour sans fin ,c'est d'abord cette chanson I got you babe de Sonny and Cher que l' on ne peut plus écouter sans penser au film. Elle sert d'introduction au cauchemar perpétuel du pauvre Phil, personnage coincé à revivre toujours la même journée . Bill Murray, ce présentateur météo cynique, égocentrique et désabusé, dérange et il le cherche bien.Il va apprendre pourtant durant son voyage immobile à se détendre, à s'ouvrir et à aimer tout simplement. On passe bien sûr par toutes sortes d'interprétations philosophiques. Ce film en dit long d'ailleurs sur ce qui peut réunir un homme et une femme. Une bonne moitié du film, on a le droit au principe du gag à répétition avec des variations hilarantes. Bill Murray est tout simplement génial. Ce bougon présentateur de météo imbu de lui même se retrouve sans explication bloqué dans une boucle temporelle d'une journée. C'est celle du Groundhog Day, le jour de la marmotte, à Punxsutawney, bled peuplé de bouseux aux yeux de notre héros. Cette comédie romantique est teintée de fantastique mais offre aussi quelques jolies réflexions. L'évolution du personnage est formidable à suivre."Debout les campeurs et haut les coeurs...C'est le jour de la marmotte!" Cauchemar supplémentaire, le pauvre Phil Connors est le seul à rester coincé. Il constate vite d'ailleurs que les autres vivent un présent tout ce qu'il y a de plus normal. C'est la possibilité de corriger sa vie à l'infini et de tomber amoureux de la superbe Andie MacDowell qui s'avère très plaisante à suivre et à revoir. Notre vie n’est qu’une succession de mauvais choix que l’on ne peut jamais refaire et qui nous font passer à côté de l’essentiel.Toutes les étapes que le héros traverse semblent couler de sources. Comme lui, on va passer de la surprise, à la résignation en passant par les excès en tout genre du personnage. Le maléfice se rompt au moment où Bill Murray n’en aura presque plus rien à faire et qu’il ne jouera plus un personnage. Il se sera enfin trouvé lui-même. La série de baffes qu'Andie MacDowell lui donne est à ce titre jubilatoire. La scène où il essaie aussi de rentrer en contact avec une jolie femme qu'il ne connait pas en l'interrogeant sur ses années de lycée me fait toujours mourir de rire. La vie n’est ni plus ni moins qu’un jeu d’équilibriste entre la connaissance de soi et des autres. C'est une véritable réflexion sur le temps qui passe et l'importance du présent que nous propose Harold Ramis. Il nous montre là, qu'après avoir joué dans Ghostbusters, il est capable de réaliser un film brillant. Véritable récit initiatique qui parle de la transformation d'un homme égocentrique, Un jour sans fin est d'abord une comédie romantique. Le début du récit, consacré à la méchanceté désabusée et savoureuse de Bill Murray, est proprement jubilatoire.“I killed myself so many times I don't even exist anymore.”dit-il en voyant s’effacer chaque jour qui passe toute son action et la réflexion sur son identité. Avec Groundhog Day, Harold Ramis écrit en 1993 un film parfait et original dans lequel on s’enferme toujours avec le même plaisir. On peut voir aussi dans ce film une formidable parabole de la dépression et du chemin à parcourir pour sortir de ce cercle vicieux. La scène où le psy lui propose , après l'avoir bien écouté de le revoir demain, est terriblement drôle. On éprouve tous à un moment donné de notre vie ce sentiment d'être dans une impasse, prisonnier d'une espèce de routine, spectateur d'une existence qui nous échappe. Le film permet d'y réfléchir. Le sourire d' Andie Macdowell sera la récompense du pauvre Phil et , en même temps, peut-être sa délivrance. A noter pour terminer le caméo , façon Hitchcock, d' Harold Ramis en docteur radiologue. Il faudrait peut-être que je me décide enfin à regarder La vie est belle de Frank Capra .