Un lac fait partie de ce cinéma qu’on appelle parfois « expérimental », qu’on devrait plutôt dénommer cinéma de recherche, peut-être ou cinéma poétique, à coup sûr. C’est en tout cas un cinéma d’invention, original, puissant et qui touche… à moins d’être aveugle, sourd ou totalement insensible à quoi que ce soit de l’humanité. Des étendues de neige, des forêts de bouleaux géants, un lac gelé… Une famille qui vit autour, la mère est aveugle, le frère aîné, épileptique, et sa sœur, ont tissé une relation ambiguë, au bord de l’inceste… jusqu’à l’arrivée d’un jeune homme qui va redonner ses droits à l’évolution naturelle et inéluctable. C’est l’essence de la vie qui est saisie par l’intermédiaire de plans serrés, étouffants, cadrant au plus près les visages et les corps, par une caméra à l’épaule qui ne cesse de trembler, comme saisie de peur par le vertige de l’existence. Les acteurs, russes, parlent un français à peine compréhensible, renforçant l’impression d’obscurité et d’anéantissement. Le lac, l’âme, la mort au bout du chemin… Inéluctable et terrible.