Un long dimanche de fiançailles par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En 1917, Manech, le fiancé de Mathilde, est mobilisé pour partir sur le front dans la Somme où il meurt au combat.
C'est en1919, la première guerre mondiale venant de se terminer avec son lot de drames et de souffrances, qu'une nouvelle est officiellement publiée relatant que Manech aurait été exécuté en compagnie de quatre autres soldats sur le no man's land pour "mutilation volontaire". Cependant, malgré les affirmations d'un sous-officier ayant bien connu cet homme, Mathilde ne peut croire à cette éventualité. Elle décide de mener une contre-enquête car pour elle, son fiancé est encore vivant.


Il faut saluer la mise en scène de ce film. En effet, le cinéma français rarement à l'honneur dans ce domaine a atteint avec Jean-Pierre Jeunet ses lettres de noblesse. Les séquences qui se déroulent dans les tranchées et celles qui relatent les terribles combats sont d'un réalisme saisissant. Nous sommes les témoins ébahis de la souffrance morale et physique de ces hommes embarqués dans une guerre inutile et menée par des officiers inconscients et bornés. Parallèlement, l'enquête très méthodique menée par Mathilde pour retrouver son fiancé nous maintient au cœur d'un suspens mené astucieusement.


En effet, les témoignages sur cette des différents protagonistes divergent. Nous passons de l'espoir à la résignation de la jeune femme et le spectateur est complètement absorbé par ce puzzle constitué d'indices qui s'imbriquent petit à petit les uns dans les autres jusqu'à la conclusion qui couronnera l'instinct et la persévérance de Mathilde.


On ne peut qu'être ému et bouleversé par cette histoire relatant une époque ponctuée par tant de souffrances et de drames où chacun pensait, à tort, que cette guerre serait "l*a der des der*".
Jean-Pierre Jeunet à également le grand mérite de nous faire découvrir une face méconnue de ce conflit où certains combattants, sans être des lâches, préféraient se mutiler afin d'échapper à une probable boucherie. Il a également un regard sévère, à juste titre, sur l'incompétence et l'étroitesse d'esprit de l'état-major de l'armée française en complet décalage avec les hommes de troupe.


L'interprétation est à la hauteur de l'évènement . Audrey Tautou, Mathilde, présente un rôle différent de ceux qu'elle tenait lors de ses films précédents. Elle surprend dans cet habit d'actrice dramatique qu'elle revêt formidablement bien. Elle nous prouve qu'elle fait maintenant parti du gotha des actrices de notre époque. Si les rôles masculins sont au diapason, notamment Gaspard Ulliel dans le rôle de Manech, je voudrais décerner une mention à Marion Cotillard, bouleversante dans le personnage de Tina Lombardi.
À mon humble avis film n'est pas loin d'être un chef-d'œuvre grâce à sa mise en scène, à l'originalité de son sujet dans le cadre de ce massacre et à son interprétation.

Grard-Rocher
8
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le 9 juin 2014

Modifiée

le 19 mai 2013

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