Festival folk de Newport, 1965. Bob Dylan (Timothée Chalamet) et son groupe se dirigent vers la scène où de fervent·es Américain·es, fier·es de ne pas être brusqué·es dans leurs traditions, attendent de lui qu’il reprenne ses titres acoustiques, mettant au placard le temps d’une soirée les nouveaux morceaux, électriques, qui dérangent les bonnes vieilles mœurs de l’oncle Tom. Il n’est pas question d’accepter la proposition d’un artiste qu’on aime mais d’être conforté·e dans ce que l’on se fantasme de lui, ici le représentant d’une musique embourbée dans le conservatisme. Pour ajouter au dilemme, la séquence d’amorce du concert qui situe son action dans la chambre de motel de Dylan devient le théâtre de suppliques et menaces de la part des organisateurs bien décidés à servir leur public, à désavouer l’artiste et ne pas le laisser aller vers ces horribles mélodies du diable inspirées du rock anglais – au son, ce sont les Kinks qui nous rappellent à la distorsion tant détestée par les représentants folk. Forcément, cet instant où, d’un accord avec ses troupes, Dylan endosse une guitare électrique, prêt à entonner de manière encore plus ravageuse un Maggie’s farm déjà décrié pour ses paroles reniant la continuité états-unienne, nous fait sortir de notre ennui poli, espérer un moment d’anthologie auquel tout a conduit. Ce concert ne peut être qu’un climax, intense moment où tous les combats, musicaux comme idéologiques, se jouent. Et pourtant…patatras.
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