Pascal Chaumeil nous a quitté il y a un an, le 27 août 2015, âgé de seulement 54 ans, à cause d'un cancer à la con. Comme chacun sait, le sieur, ancien assistant de Luc Besson, s'était fait remarqué dès son premier film en 2010, L'Arnacoeur, qui s'est imposé comme la meilleure comédie romantique française de ces dernières années (bon d'accord, la concurrence n'est pas rude...), puis avait même eu l'occasion d'internationaliser sa carrière avec A Long Way Down (2014), adaptation du meilleur roman de Nick Hornby après High Fidelity restée très mystérieusement encore inédite chez nous. Et voilà donc son dernier film, Un petit boulot qui déboule dans les salles un an après sa mort. A en croire sa fiche Wikipédia, Chaumeil avait eu le temps de finir intégralement son film, dont Gaumont aurait repoussé la sortie pour que la mort de son auteur n'influence pas trop son sort en salles.
Quoiqu'il en soit, Un petit boulot est le petit requiem de son auteur, comédie noire ironiquement marquée par la mort. On y suit Romain Duris acceptant les contrats de tueur à gages que lui propose le malfrat du coin joué par Michel Blanc (également auteur du script). Encore une fois, Chaumeil a bien fait le boulot : son dernier film est, à l'image de L'Arnacoeur, son succès inaugural, une comédie rythmée et efficace, portée par un Romain Duris comme toujours très bon, jouant un chômeur de manière assez juste pour être complice avec Gustave Kervern. Le bonus, c'est que la plume de Michel Blanc (très bon lui aussi dans le costume du mafieux maladroit) rappelle parfois les répliques cinglantes et l'humour à froid d'un Blier. Niveau drôlerie, Un petit boulot fait donc bien le boulot, amusant constamment avec son cynisme tenu jusqu'au bout.
Il subsiste cependant quelques défauts, qui m'ont fait justement me demander si Pascal Chaumeil avait eu le temps de finir son film. Rattrapé par son origine littéraire (le film est adapté d'un roman de Iain Levison), Un petit boulot s'alourdit d'une voix off très envahissante et agaçante, paraphrasant souvent des séquences pourtant très efficaces ou voulant placer un bon mot dans un film qui n'en manque pourtant pas dans ses dialogues. Une voix off parasite dont on a bien du mal à se débarrasser, qu'on pourrait penser installée là pour rattraper des séquences que Chaumeil n'aurait pas eu le temps de tourner. Un défaut qui n'a l'air de rien mais qui grippe tout de même pas mal ce Petit boulot qui, à défaut d'être aussi fluide et enlevé que L'Arnacoeur, reste tout de même un ultime film réussi.