Love Wanda
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Charles Crichton est loin d’être à son premier coup d’essai, mais il s’agira de cristalliser une bien riche carrière que d’associer sa dernière réalisation aux côtés de deux pionniers emblématiques de la saga Monty Python, à savoir John Cleese et Micheal Palin. Le premier seconde à la réalisation et les deux s’embarquent dans comédie policière, dont on retrouve vivement l’âme du burlesque britannique. Le décalage du langage crée toute une atmosphère cartoonesque qui saisit les spectateurs de bout en bout. Il arrive tout de même que cette démarche ne joue pas toujours en faveur du comique de répétition, mais il assume tout son art à travers le script de ses personnages, cherchant constamment à prendre l’ascendant sur le collègue éphémère ou encore l’associé d’un jour. Il ne reste plus qu’à laisser les conflits mûrir, en parallèle de tout un réquisitoire en faveur du mensonge.
Un braquage en perspective, mais l’incompréhension et le manque de cohésion dans une équipe de bras cassé pimente toutes les situations les plus loufoques, ne laissant aucune chance aux poissons de Ken (Michael Palin) ni à d’autres animaux tenus en laisse. C’est d’ailleurs sur la base de ses bégaiements que tout le récit tient sa structure. Sur le jeu de la parole, nous n’y échappons pas. Chaque protagoniste, à sa manière, n’use plus les mots pour leur valeur informative. En échange, on y crée des interactions ancrées dans le quiproquo et dans une ruse qui empoisonne chaque action et conséquence qui en découle. Ceux-ci sont symboliquement piégés dans leur propre jeu, abusant des autres afin de mieux servir le divertissement aux spectateurs. Le plat est assaisonné d’un petit ton condescendant, piétinant avec autodérision une culture britannique très, voire trop polie et sans doute coincée dans ses propres conventions, à l’image d’Archie (John Cleese).
Si Wanda (Jamie Lee Curtis) est l’ambassadrice d’une nation qui prône une certaine indépendance et liberté, on trouvera à juste titre des témoignages qui justifieront ses agissements par la suite. L’américaine sexy et désirable joue de sa personne pour séduire et s’adapter à la situation. C’est pourquoi elle seule, semble mieux s’en sortir dans tout ce troupeau. Otto (Kevin Kline) vient alors compléter le portrait, avec ce qu’il faut en absurdité pour que ses répliques fassent souvent mouche. Et même s’il continue de régulièrement alimenter régulièrement le décalage culturel à travers ses lectures ou ses préceptes un peu hasardeux, il nous révèle en quoi la parole ne lui sert finalement pas à grand-chose, si ce n’est que repousser l’échéance de son sort. Les personnages évoluent ainsi dans une incertitude délicieusement rebelle, où le carcan du langage entrave leur liberté. Certains le ressentent, d’autres s’en accommodent.
Ce n’est pas uniquement dans les fous rires qu’il nous propose que « Un Poisson Nommé Wanda » (A Cat Fish Called Wanda) gagne son pari. Il aura tout de même fallu une gestation du côté de l’inflexible héroïne afin que la désillusion opère, car tous les fantasmes ne valent pas le contrôle de soi et de ses émotions. De ce fait, la plupart de son entourage se laissent aller au désespoir et à la peur de la dépendance. En se refermant sur ce qu’ils savent mieux faire, ils ne pourront espérer une meilleure perspective qu’un retour de bâton bien placé et qui se heurte à une conscience primitive et conservatrice.
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le 19 janv. 2021
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