Un simple accident est une parabole. Dès la scène d’ouverture, la violence du bourreau est présente : le filmer en voiture avec sa famille, écrasant un chien par accident. Sans nous montrer la violence, le choc est là, toujours hors caméra. Ainsi, on ne comprend pas tous des évènements du début, le spectateur est dans le flou, sans savoir où il sera emmené, en retard sur la situation.
Dès lors, le film assume sa théâtralité dans certaines scènes où Panahi défini clairement son décor et laisse les personnages s’exprimer. Certains personnages frôlent l’archétype, mais d’autres sont bien plus intéressants en échappant à la caricature. Derrière cette mise en scène épurée et les réelles contraintes de tournage (interdiction de filmer, clandestinité), se révèle discrètement toute la maîtrise de son savoir-faire.
C'est dans la scène finale que le film réaffirme sa virtuosité : le tortionnaire, attaché et yeux bandés, se retrouve face à ses anciennes victimes, les rôles inversés. Ces rapports de forces sont gérés avec précision. Le bourreau reste méprisant envers ceux qui, devenus bourreaux à leur tour, se révèlent incapable d'être comme lui. Dès lors, les thèmes de la justice, du bien et du mal sont posés : le mal n’est pas une essence mais une position. La vengeance, aussi juste soit-elle, laisse des traces indélébiles. Les syndromes post-traumatiques marquent à vie.