Un steack trop cuit
6.5
Un steack trop cuit

Court-métrage de Luc Moullet (1960)

Il s’agit du premier film réalisé par Luc Moullet. Vingt minutes qui se déroulent entre salle à manger et cuisine, dans un petit appartement, le sien, dans lequel il filme son petit frère, qui plus tard lui fera la musique d’Une aventure de Billy le kid, et qui jouera dans Les carabiniers, de Godard. Il filme aussi déjà Françoise Vatel (qu’on retrouvera plus tard dans Brigitte et Brigitte, entre autre) autour d’un déjeuner à se chamailler et bien entendu autour d’un steak trop cuit. Moullet raconte que ce film est né grâce au papier (à l’époque il écrivait dans Les Cahiers) sur A bout de souffle, qui poussa Godard à demander à De Beauregard, son producteur, de produire son premier film. On peut aussi penser qu’il répond à Charlotte et son steak, de Rohmer. Le minimalisme du décor, mais aussi des mouvements de caméra et l’aspect bricolé renforcé par une post synchro très approximative, sont compensés par la truculence des dialogues et cet impertinence si propre à son auteur, qui s’amuse ici à apparaitre en voisin grimé en Godard, mais aussi à faire déchirer quelques pages des Cahiers du cinéma, mais aussi à insérer quelques sous titres pour traduire l’argot du frère. Le garçon est rustre, certes, mais quand il va chercher des saucisses chez sa voisine, c’est un nounours. La fille est amoureuse et pense à son rencard du soir, espérant laisser la corvée de vaisselle à son frère pour ne pas le manquer. Et les dernières minutes son très douces, Moullet filme la complicité frère et sœur, avec en point d’orgue ce baiser sur le bout du nez contre une corvée. C’est assez chouette. On retiendra une jolie réplique : Au « T’as de beaux yeux » de son frère, Françoise répond : « Jojo, aujourd’hui une fille qui n’a pas un beau regard est une fille perdue ! » Pas impossible que De Beauregard ait accepté de produire Un steak trop cuit sur ce jeu de mots.

JanosValuska
6
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le 21 mai 2019

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