Chaos Frénétique
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Vice et vertu sont parents comme diamant et charbon. Si on était méchant on dirait que les frères Safdie ont associé leurs talents pour transformer une bonne idée (pour ne pas dire par facilité une " pépite ") en un thriller vaguement scorcèsien hyper-speedé et néanmoins poussif.
Le prologue est habile mais trompeur : un superbe panoramique aérien sur un site de mine dans un paysage éthiopien avec un zoom qui fait descendre le cadrage au milieu d'un groupe qui vient de ramener au jour un mineur gravement blessé. On respire et on s'inquiète. Puis la caméra pénètre dans un boyau (de la mine) où deux hommes, profitant du désordre causé par l'accident, détachent de la paroi une pierre qui va devenir le fameux diamant brut autour duquel s'enroule l'intrigue. Et de boyau en boyau, nous voici (sans transition) en train d'explorer les intestins du héros au cours d'une coloscopie froidement commentée par un gastro-entérologue new-yorkais. La caméra s'est désormais fixée dans le centre du monde (la bienséance m'interdisant d'être plus précis), montrant d'ailleurs l'état de propreté impeccable du colon du héros et elle n'en sortira plus. Adieu les grands espaces, bonjour New York, surtout la nuit et en intérieur.
L'intrigue met en scène sur environ vingt-quatre heures les tribulations d'un bijoutier-diamantaire juif obnubilé par la recherche de gros gains pour compenser des dettes contractées à la suite de prises de risques compulsives et embourbé dans des combines dangereuses et des paris sportifs. Il a acheté le diamant brut 1000 dollars et tente d'en tirer un million. Réussira-t-il ? La caméra ne le quitte pas, le plus souvent en gros plan. Le personnage est bavard, vit à cent à l'heure et ne prononce aucune phrase sans y glisser un " fuck " ou un " fucking ". On s'en fout un peu car on a vite compris que c'est un loser. Mais à la différence des losers juifs de Woody Allen, le scénario recourt plutôt à l'humour allemand. Les personnages secondaires ne sont pas inintéressants, en particulier ce joueur de basket qui rêve de posséder la pierre pour marquer des points. Les membres de la famille sont aussi bien croqués ( excellent duel épouse-maîtresse) mais ils ne suffisent pas à détourner le propos de la frénésie du héros qui fatigue le spectateur sans le distraire.
Créée
le 21 févr. 2020
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