Des boyaux miniers, recelant dans l’un d’entre-eux cette fameuse pierre, au colon d’Howard Ratner – joué par un Adam Sanders continuellement au bord de la rupture, il y a un sacré pas qu’osent franchir les frères Safdie sans la moindre vergogne. Au cœur d’un tourbillon bling-bling, d’une overdose de mauvais goût, d’un déluge de clinquant, la pierre prend une dimension mystique pour donner un sens à des vies qui n’en ont aucune.

Avec le renfort d’un montage serré, d’une caméra virevoltante – parfois épuisante – et de protagonistes qui ne cessent jamais de parler, Uncut gems est une course de plus de deux heures sur un sol s’effondrant continuellement. Tout est fait pour ressentir le stress et les angoisses d’un personnage à bout de souffle, en quête du gros coup et investissant l’argent des autres à tour de bras. Ce bijoutier juif est dans toutes les combines, exaspère et séduit tout à la fois, vise le ciel tout en s’enfonçant dans la boue. Ni courageux ni costaud, il est doté d’un instinct qui fait sa richesse et sa perte.

Uncut Gems est un regard sur une passion dévorante et vaine, comme celle qui fait bondir devant un match de basket (pour reprendre un des arcs du film) dans sa dimension mythique, avec la superstition qui fait noter chaque détail, la fascination exercé et cette note d’amertume que réalise le fan lorsqu’il se souvient que le match s’est joué sans lui.

Francois-Corda
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le 18 avr. 2020

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François Corda

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