Under the Bed, Steven C. Miller, 2012, U.S.A, 1 h 27

Pour commencer, « Under the Bed » c’est une sorte de variation hardcore de l’excellent « ’Little Monster » avec Fred Savage, ce film pour enfant et ses monstres cachés sous le lit, sorti en 1989. Si cette chronique vous a au moins fait découvrir cette petite production pillée par Disney pour « ’Monster & Cie », ce sera déjà pas mal. Exit néanmoins la nature « enfantine » originelle, car « Under the Bed » n’est pas là pour nous apprendre le scrapbooking.


Pour ce quatrième long métrage, Steven C. Miller poursuit sur une note très bis, frôlant même le Z à quelques occasions. Les nécessités d’une production à microbudget et ses contraintes n’empêchent pas le jeune réalisateur de proposer un produit final sympathique et efficace. De plus, quelques fulgurances issues d’un gore bien cradingue jonchent cette œuvre, qui s’amuse à surprendre plus d’une fois. Cependant, il est regrettable qu’elles arrivent un peu tardivement et soient aussi peu nombreuses.


Toutefois, le principe de l’intrigue ne repose pas sur l’aspect sanglant de la dernière demi-heure. Et c’est un peu là que le film pêche, car il peine à instaurer un véritable climat de terreur. Durant la majeure partie du récit, l’incertitude règne sur le fait qu’il y ait ou non un monstre sous le lit. Jamais pris au sérieux, les deux ados sont confrontés aux injonctions de leur père. Disons qu’il a une tendance à négliger la communication pour imposer ses vues, parfois brutalement, sur « comment que c’est que ça se doit de vivre qu’un ado ! ».


L’un des principaux points faibles de ce « Under the Bed » réside dans sa difficulté à instaurer une véritable peur, tout simplement. Ça pèche un peu, car là où Miller apparaît le plus à l’aise c’est quand il convoque un gore débridé, l’horreur visuelle semble plus adaptée à sa vision et à son style de cinéma. Cependant, cela n’empêche pas de saluer l’effort, et quelques séquences valent vraiment le détour.


L’univers du film peine également à trouver une cohérence. Les règles qui régissent la présence et l’activité du monstre, ainsi que ses réactions, changent un peu tout le temps. Il est difficile de savoir avec exactitude ce qu’ils affrontent, ce qui rend leur façon de s’y prendre parfois obscure. Une certaine flemme scénaristique peut expliquer cela, et c’est ce qui empêche le film d’être vraiment terrifiant.


Déjà, « Scream of the Banshee » ressemblait beaucoup, dans son approche, à un épisode de « Tales From the Creep ». Ici, l’ambiance plutôt bien cultivée n’est pas sans rappeler les séries d’épouvantes « Eerie Indiana » et « ’Are You Afraid of the Dark ? », au sein desquelles il trouverait une place de choix. Malheureusement en film de frissons indépendant, il n’apparaît pas aussi efficace.


Dans le cadre d’une atmosphère qui restaure celle des séries Tv pour ados, alors ce film est parfait. Il est important de le voir tel qu’il se veut, et non comme ce qu’il devrait être, selon des attentes pas toujours bien calibrées. C’est le représentant d’un cinéma d’exploitation à petit budget, à destination d’un public restreint, par un réalisateur impliqué. Cela se perçoit dans chaque plan et chaque idée de mise en scène, qui établissent l’intérêt de l’ensemble. Traduction d’une passion certaine d’un cinéaste modeste pour l’art qu’il exerce.


« Under the Bed » est donc à prendre comme une série B horrifique, telle qu’Hollywood n’en propose plus depuis longtemps. S’y dégage une impression tenace, celle d’un savoir-faire disparu, mais pas pour autant le symbole d’une manufacture d’antan, attention. Non, il y a vraiment l’idée d’une conception de cinéma centenaire, qui s’est effacée avec l’avènement du Blockbuster et des budgets colossaux venus piper les dés.


Steven C. Miller poursuit ainsi son petit bourrin de chemin, en proposant des variations ultra-violentes sur des thèmes et des genres bien codifiés et semble vraiment s’amuser avec les conventions. Que ce soit pour « Automaton Transfusion » et son ambitieux portrait d’une genèse zombiesque, « Scream of the Banshee » digne d’un Corman ou d’un TrOma et bien sûr l’excellent « The Aggression Scale » qui revisite à sa façon le Home Invasion. Il parvient toujours à un moment où à un autre, après l’établissement d’un respect en bonne et due forme du genre, à apporter sa patte. Elle consiste en une expression radicale de la violence, par l’entremise d’un gore bien sale et très visuel.


C’est avec « Under the Bed » qu’il est possible de prendre toute la dimension de ce cinéaste sympathique au grand cœur, qui n’a pas la prétention de venir révolutionner quoi que ce soit, au contraire. Il s’efforce à y apporter sa pierre, dans un édifice depuis bien longtemps bancal. Et cette générosité, mêlée de révérence aux genres et aux cinéastes qui l’influencent, et bien ça fait plaisir à voir, ce qui rend l’expérience de ses films d’autant plus riche.


-Stork._

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le 30 juin 2021

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