SensCritique a changé. On vous dit tout ici.

C’est un arbre majestueux, planté dans le jardin d’une maison et faisant de l’ombre sur la terrasse de la maison adjacente, qui va semer troubles et violence au sein de cette morne banlieue de Reykjavik. C’est aussi une vidéo pornographique qui, là, va précipiter un jeune couple dans les affres de la séparation, de l’amertume et des regrets. Il y a donc deux histoires dans Under the tree avec comme point commun Atli, mari jeté dehors par sa femme et fils d’un des deux couples de voisins en guerre. Une guerre absurde (coups bas, insultes et représailles) pour un motif plus absurde encore et prenant des proportions démesurées qui révéleront nos bassesses habituelles, la déliquescence avancée de nos rapports sociaux (et amoureux).


Hafsteinn Gunnar Sigurðsson louvoie visiblement entre, d’un côté, l’aspect entomologiste et dépassionné d’un Michael Haneke, de l’autre la morgue grise et tragi-comique d’un Roy Anderson. Deuil, divorce, misère sexuelle, ennui, agressivité et frustrations, le tableau de la société islandaise, et plus généralement de toutes les sociétés soi-disant occidentalisées, n’est guère reluisant ni réjouissant. Un constat qui, évidemment, n’a rien de nouveau puisque déjà éprouvé chez tant d’autres, et que le traitement cinématographique de Sigurðsson, très marqué "film d’auteur rigoriste" (Haneke et Anderson donc), ne permet jamais de pallier le manque d’originalité.


Le principal défaut du film réside sans doute dans cette différence de ton utilisé pour sa double intrigue : sobre et réaliste pour la fin programmée d’un couple qui ne s’aime plus, minutieux et pince-sans-rire pour ce conflit de voisinage qui ira jusqu’au pire. Une rupture de style qui aurait pu apporter une vraie singularité dans la tenue et la narration du film, mais se contentant d’être simplement effleurée, envisagée (et désespérément binaire aussi, le montage alternant sans audace les deux récits en cours). Et puis on s’imaginait Under the tree plus corrosif, avec plus de mordant. En l’état, le film paraît bien sage malgré la violence (sourde ou effective) des situations, son dénouement brutal et une espèce de twist ultime certes pas mal cynique, mais dont on se contrefout finalement.


Article sur SEUIL CRITIQUE(S)

mymp
5
Écrit par

Créée

le 24 août 2018

Critique lue 518 fois

mymp

Écrit par

Critique lue 518 fois

1

D'autres avis sur Under the Tree

Under the Tree

Under the Tree

le 19 janv. 2018

L'escalade de la bêtise

Le film se base sur plusieurs histoires, s'entremêlant au fur et à mesure pour le plus grand malheur des protagonistes. L'histoire de départ concerne la séparation de Atli et Agnes. Si le motif de...

Under the Tree

Under the Tree

le 10 mai 2018

Dérapage et sortie de route

Parti de (presque) rien, deux conflits en parallèle, l'un de voisinage, l'autre de couple, qui s'enveniment par pallier jusqu'au point de non-retour. On se laisse surprendre par la tournure...

Under the Tree

Under the Tree

le 29 oct. 2025

La violente dé'fête' des voisins

Le film se termine et l'on reste là, bouche-bée, la mine dépitée et désolée, ainsi que l'esprit pas qu'un peu révolté. Tout ça pour ça !Si tout commence par des chamailleries de voisinage, Under The...

Du même critique

Moonlight

Moonlight

le 18 janv. 2017

Va, vis et deviens

Au clair de lune, les garçons noirs paraissent bleu, et dans les nuits orange aussi, quand ils marchent ou quand ils s’embrassent. C’est de là que vient, de là que bat le cœur de Moonlight, dans le...

Gravity

Gravity

le 19 oct. 2013

En quête d'(h)auteur

Un jour c’est promis, j’arrêterai de me faire avoir par ces films ultra attendus qui vous promettent du rêve pour finalement vous ramener plus bas que terre. Il ne s’agit pas ici de nier ou de...

Seul sur Mars

Seul sur Mars

le 11 oct. 2015

Mars arnacks!

En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...