Réac et consternant

J’ai toujours aimé Nakache et Toledano, tous leurs films, et je place même certains de leurs films comme les meilleurs du cinéma français des années 2010 (« Hors Normes » et « Le sens de la fête »). C’est dire que j’attendais ce nouveau cru qui annonce en prime un casting bien costaud.

Mais alors là. Rien ne va plus.

Je ne sais même plus par quoi commencer tant le film se rate sur plein d’aspects… ou pire, assume son propos très déplacé.

Parce que autant le dire tout de suite, le film semble écrit par le tonton gênant du repas de famille, le réac droitard qui se moque bien de la cause militante, encore + quand ça parle de l’écologie. Parce qu’on parle ici de 2 protagonistes un peu largués qui vont s’immiscer dans une asso écolo pour 1. Tenter de détourner un peu de leur argent 2. Pécho la cheffe de l’asso. Bon le postulat comique est installé OK… Mais au final le film ne ce se complaire QUE dans ce postulat, jamais le film ne fait évoluer ses personnages vers une rédemption ou une ouverture d’esprit quelconque. Ils vont rester des losers envers qui le film va être bien complaisant.

Le film va alors déployer toute la moquerie non pas envers ces 2 crétins (car oui ils ne sont que ça) mais bien sur la cause militante écologique qui est sans cesse montrée uniquement par des clichés (oui oui les militants s’appelle entre eux « Cactus » et « Quinoa » - piiitié) ou par les blocages qui viennent gêner la vie des-pauvres-gens-qui-sont-bloqués-dans-le-bouchon. Jamais le film ne tentera à un seul moment de montrer le sérieux de l’enjeu que dénonce cette asso, tout en feignant de s’intéresser à leur combat (comme le font les 2 protagonistes). Non Nakache et Toledano s’en fiche pas mal, et les blagues qu’ils font dire à leurs personnages ils semblent les penser et les servent à une partie du public bien à l’écoute (oui la moitié de la salle rit).

Pire. Lorsqu’une action de l’asso (montée par les 2 « héros ») consiste à s’enchaîner à un bâtiment d’état, les forces policières arrivent. Et nous voyons alors les policiers (sans matraque ni gazeuse) gentiment déloger l’association. Pour qui s’intéresse un minima au traitement fait à ce genre d’activistes, ça peut faire rire jaune. Mais alors quand 15 min après le film montre l’association qui a monté son film souvenir de l’année, on peut voir que l’intervention policière est montée de manière violente (shaky cam et montage cut) pour faire croire à des violences policières. Car bien sûr, tout le monde le sait, ce sont les associations qui font croire ça. J’ai eu du mal à contenir ma rage en salle je vous promet.

Que dire des blagues misogynes (oui en 2023 on peut encore faire un running gag sur une fille jugée moins jolie et qui drague un des héros - jusqu’à en faire le gag du générique quand ils finissent ensemble).

Que dire du running gag (raté) de Mathieu Amalric qui tente de contourner une interdiction de jeu en entrant dans un Casino avec des pastiches (le sketch répétitif est gênant) et qui, dans une rebondissement final, finit par y rentrer… et gagne le jackpot ! Qu’est-ce que ça veut dire?! Mais quel message est renvoyé aux addicts aux jeux? « Braver les interdictions vous aller y gagner ». Flippant.

Bref rien ne va dans le film. Même la forme est ratée, de situations grossières (la scène de la Banque de France) aux personnages antipathiques jusqu’au bout. Certains y trouveront peut-être leur compte politique, qui n’est que de feindre un intérêt pour l’écologie comme le font les 2 héros. Macron (qui clos le film) ne pourrait pas rêver meilleur film.