Avant-propos

En lisant le synopsis, je me suis dis d'emblée :

"Encore ces braves bourgeois honnêtes qui paient malgré eux leurs apparences ! C'est quand même incroyable le nombre de films qui ont pour sujet les crimes contre la bourgeoisie ! Et comme par hasard, ce n'est jamais eux qu'on voit commettre des atrocités, eux qui vivent du joug de l'héritage et du profit".

Alors le cinéma devient un exutoire pour la violence et un fusible pour les classes défavorisées.

"Non mais, voyez, voyez ! les crimes qu'ils commettent !"

Je m'attendais à réfléchir une fois de plus sur la condition du sous-prolétariat.

***

Critique

Comme dans de nombreux films, les sous-prolétaires jouent le rôle de vilains et les bourgeois le rôle de martyr. Aucun genre n'y échappe, à la télévision comme au cinéma, il s'agit de rire de la pauvreté ou en pleurer. Il n'y a pas de questions à se poser.

Ici, l'on trouve tous les subterfuges pour faire avaler la pilule, à commencer par une morale chrétienne, enjolivée par un style ultra-léché, tout ça pour faire de ce micro-huis-clos un moment esthétique de propagande.
Oh bien sûr, nous avons le droit à quelques images concepts. L'ascenseur, par exemple, destiné à la base à la convalescence de Cornelia (sans doute opérée de la hanche), devient tout à coup un objet d'enjeux sociaux et symboliques. Il représente certes une prison suspendue mais aussi une incommunicabilité entre les deux classes qui s'affrontent dans la même demeure convoitée. Plus que la prison et l'impossibilité de dialogue, il s'agit d'une cage pour un animal étrange, un bouc émissaire enfermé dans son zoo hors d'atteinte. On remarquera que la cage s'est arrêté entre deux étages, comme si cette dame et mère de son enfant chéri était dépendante elle aussi du fait de sa condition sociale.
Tout ce qu'elle dit - même pour son fils - suinte sa condition sociale. Même dans la détresse.
Quant à ces assaillants qui en veulent cette prison dorée, qui veulent profaner cette tombe volante, toute la classe sous-prolétarienne y passe : indigent, prostituée, malfrats et receleurs.
Quelle nuance ! Que de nuances aussi lorsqu'on considérera les thèmes du repentir et de l'aveuglement causés par le mépris et la haine de classe.
Pour être sincère, c'est grossier. C'est un film avec des gros sabots.

La sincérité du discours.
Le voilà le souci. Autant "Lady in a cage" est un peu trop bien mené pour être profond, autant il est un peu trop esthétique et raccourci pour être sincère. Ceux qui aimeront ce spectacle passeront à mes yeux pour des crédules !

On en revient toujours aux mêmes questions : A qui ce film s'adresse--il ? Qui a les moyens de se payer le ticket quand ce film est sorti ? Ah mais mon brave monsieur, il faut bien faire frémir les petits-bourgeois qui dorment sur leur confort. Il faut bien les terroriser avant de les appâter avec un happy end (restons dans le vocabulaire animalier).
Aujourd'hui, nous avons toute la distance nécessaire pour prendre les mesures qui s'imposent.
Andy-Capet
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le 23 avr. 2013

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Andy Capet

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