Godard est un sujet de polémique depuis bien longtemps. J'essaierai de ne pas jeter d'huile sur le feu et je ne reviendrai pas sur le metteur en scène. Ni sur les trois acteurs, impeccables comme toujours.


J’ai eu la « chance » de voir Une femme est une femme sur grand écran, précédé d’une analyse par un godardologue professionnel, une espèce en voie de disparition. Un godardologue n'analyse pas un film, il célèbre son dieu.


 « "Tu es infâme !" - "Non je suis une femme " » Pour le spécialiste, ce jeu de mots laid est la clé à molette qui permet de comprendre le film de Godard. Chaque plan aurait ainsi une double signification, (voire une triple), celle que l'on voit et celle qu'il faut deviner, la face cachée que le génie du créateur laisse à l'interprétation du spectateur. Autant voire plus que les jeux de mots, les jeux de sons et de couleurs sont les autres indices semés ça et là.


Les jeux de sons, baisse du volume, accords de Michel Legrand joués plein pot qui empêchent d'entendre les dialogues permettraient ainsi de se détacher de l'histoire pour mieux se concentrer sur l'atmosphère et permettre ainsi au spectateur de se créer son propre film en parallèle.


L'expert es JLG a ensuite décortiqué les jeux de couleurs, très importants d'autant plus que c'est le premier film de Godard en couleur. Il a invité le spectateur à bien regarder la couleur des robes d'Anna Karina : outre un « hommage évident à Mondrian » les robes sont le plus souvent blanches, parfois rouges, plus rarement en bleu. Pourquoi ? Tout simplement parce que la couleur apporte un contrepoint au discours. Pour le blanc, c'est dans les moments où la pureté, l'innocence féminine sont le plus important. Mais quand Anna Karina dit à Brialy qu'elle est amoureuse, la couleur rouge de sa robe suggère le sang, donc les menstruations et partant de là tout ce qu'elle dit à ce moment-là est conditionné par son désir d'enfants. Et quand elle est aux côtés de Belmondo mais qu'elle est habillée en bleu, c'est parce que toutes ses pensées vont en fait à Brialy qui était habillé en costard bleu à la scène précédente (étonnant, non?).


Autre exemple frappant : quand les néons clignotent dans la salle de bains où se retrouvent Belmondo et Karina, c'est pour suggérer la présence d'une tierce personne virtuelle : l'enfant qui veut naître mais qui n'est pas encore conçu, qui est encore en pointillés...Forcément, comme dirait Duras.
[J'ai hélas oublié les raisons pour lesquelles les acteurs étaient filmés tantôt assis, tantôt debout dans la même scène et je ne me le pardonne pas.]
Après une telle démonstration le spectateur écrasé par tant de culture applaudit et se prosterne devant le génie autoproclamé de Godard.


Une femme est une femme n'est pourtant qu'une histoire légère de triangle amoureux se voulant humoristique. Ne m'étant pas ennuyé je mets une bonne note.


Mais parfois le critique a plus de talent que le metteur en scène.

Zolo31
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le 19 mars 2020

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Zolo31

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