La terre et le cosmos réunis dans l’odyssée de ce vieil homme à bord de sa tondeuse à gazon qui, depuis la terre, observe les étoiles et admire la foudre. La voûte céleste et les nuages de blé crachés par les moissonneuses se superposent à l’image, sur la balade country-folk composée par Angelo Badalamenti. Une cosmologie de l’existence rurale ; voilà ce qui pourrait définir Une Histoire Vraie.
Parce qu’il a eu, dix ans plus tôt, des mots impardonnables envers son frère avec lequel il est depuis resté fâché, parce qu’il ne possède pas le permis de conduire et qu’il déteste être conduit par un tiers, Alvin entame donc un long voyage de plus de 400 km pour se rendre au chevet de ce frangin désormais malade.
Si le film n’a, sur le papier, rien d’une œuvre de David Lynch, à l’image, tout relève de son cinéma : le tissu de signes parsemant le voyage d’Alvin, cet amour pour les physiques atypiques, ces parenthèses surréalistes (la chauffarde qui fauche chaque semaine un daim sur la route qui sépare son domicile de son lieu de travail) et surtout, cette vision de l’existence humaine dont les tourments ne trouvent de repos que dans la beauté de la nature et dans l’infini.
La poésie et la beauté d’Une Histoire Vraie est difficilement descriptible. Elle se ressent et s’éprouve face aux images, au rythme lent de cet engin de jardinage, à travers ces plans rasant le bitume et ces amples travelling au dessus des champs.
Mais le plus beau cadeau que ce film nous réserve est Richard Farnsworth, gravant une ultime fois sur pellicule son passage sur terre avant de tirer sa révérence, à sa manière, dans l'intimité de son ranch du Nouveau-Mexique. Explorer les plis malicieux de son regard et admirer la bonhomie de son visage constitue à eux seuls un passionnant voyage dont on voudrait que jamais il ne s’arrête.