Par hasard, j'ai regardé le même jour ce film et Magdalene Sisters. Le second se passe en l'année où le premier est sorti, et raconte (de manière édulcorée de l'aveu du réalisateur) l'incarcération arbitraire de jeunes Irlandaises par leurs familles, dans un établissement de soeurs tyranniques. Celui-ci décrit le parcours d'une fille qui ne trouve pas sa place dans le Japon en phase de modernisation accélérée. Déscolarisée, délinquante, fuyant la pauvre masure familiale de son père voeuf alcoolique, elle trouvera une aide véritable dans une maison de redressement dont la politique est basée sur le respect de l'individu.
La déréliction de son "amoureux" est décrite en parallèle. Elle est fille de pêcheurs mis au chômage par les essais militaires américains, il est le frère d'un cadre dynamique engagé sur une voie politique prometteuse. Lui se voit offrir un futur mariage avec un bon parti. Elle est constamment inquiétée par des hommes libidineux, et promise par son père à la carrière de geisha.
Le film ne s'épargne pas le sentimentalisme vers la fin. Mais il décrit sans fards un monde rural, ses quartiers riches à l'urbanisation "moderne" et ceux des baraques des pêcheurs, alors que le Truffaut des 400 coups, en 1959, se focalise sur un gosse de bourgeois, sans guère de considérations d'ordre social ou historique.
Ce contenu assez riche est servi par l'habituelle excellence technique des grands studios japonais : photographie, sens du cadre, acteurs.