Les mêmes acteurs, la même ville minière tout à l'Est de la Russie, les mêmes trains qui passent très rarement mais suscitent l'espoir et la triche, les mêmes soldats japonais : deux ans plus tard, Vitali Kanevski refait Bouge pas, meurs, ressuscite. Celle qui jouait la petite soeur du héros, et qui mourait à la fin du film précédent, devient sa petite amie : voilà pour les changements. Il y est un peu moins question d'enfance et un peu plus de sexe, et de ce qu'on pourrait faire pour vivre ensemble sans se faire du mal et que les adultes ne nous ont pas enseigné. Ce sont les deux plus beaux acteurs du monde, Pavel Nazarov, un petit Gérard Depardieu russe, qui finira en prison (et que Kanevski ira filmer dans sa cellule dans le documentaire suivant, Nous, enfants du XXème siècle), et elle, Dinara Drukarova, la vérité même (il paraît qu'elle a un bon rôle dans Le Bureau des Légendes, j'étais heureux d'apprendre qu'elle a continué à jouer). C'est peut-être un tout petit peu moins inspiré que Bouge pas, mais ça fait pleurer comme aucun autre film. Et la fin est prodigieuse. Les trente dernières minutes semblent être une suite infinie de scènes de fin toutes plus déchirantes les unes que les autres. Le film pourrait s'appeler Adieux...
Film de fumées et de brumes, paysages incertains du premier amour nécessairement trahi, où la cruauté, la démence, la violence n'ont même pas besoin de se masquer. Les paysages sont toujours filmés au crépuscule, comme si le monde lui-même n'en finissait plus de finir. Des flocons de feu tombent du ciel, des fous avancent le long des voies ferrées, des animaux sont pris aux pièges des humains, et des dizaines d'enfants grandis trop vite se livrent des guerres d'adultes et meurent avant même d'avoir su aimer.