Carrie, le blog du Diable

En 2010, Hideo Nakata réalise ChatRoom, une adaptation de la pièce de théâtre d' Enda Walsh, raté mais qui traite des dangers de la communication virtuelle et de la jeunesse qui l'exploite ainsi que de l'irruption de la technologie dans notre quotidien. Des thématiques assez sérieuses donc contrairement à Unfriended.

Ici, tout se passe en une soirée, en temps réel avec un plan-séquence sur l'écran de l'ordinateur portable de Lily Blaire, le personnage que l'on va accompagner durant le film.

Le soir de l'anniversaire du suicide de son amie Laura Barns, alors qu'elle lance une conférence Skype avec ses amis, un étrange avatar que personne n'a invité ne cesse de s'incruster dans la conversation. L'avatar porte le nom de Laura Barns et celle-ci veut se venger.

Un léger suspense plane au début pour savoir si le film est plutôt un cyber thriller ou un film d'horreur fantastique...
La seconde option est évidemment la plus simple, et la plus répandue ce qui d'emblée n'offre pas au film une once d'originalité à ce niveau-là, et donc le réalisateur y plonge volontiers par souci de simplicité.

No e'Skype

L'ensemble des personnages seront donc contraints et forcés de rester connecté à Skype sous peine de mourir et devront avouer leurs péchés les plus inavouables, tel que -j'ai cabossé la voiture de ta mère...

Évidemment, chacun va tenter de se détourner du petit jeu entreprit par l'esprit de Laura avec leurs propres moyens ( logiciel Trojan, appel à la police, déconnexion pure et simple...) mais leurs tentatives seront vaines et provoqueront l'instant fatal qu'ils leur est promis.

Car ce qu'ils ne savent pas encore, c'est que l'esprit a un contrôle absolu sur toutes les technologies, Il peut donc utiliser leurs imprimantes, leurs téléphones, des caméras cachées ( je n'ai pas trop compris comment il utilise Skype avec mais bon... ), leurs navigateurs internet et même leurs playlists Apple Music qui, dans un souci de réalisme, ( je pensais pas dire ça pour ce film...) va servir de soundtrack de façon assez cynique ce qui, dans les faits, est plutôt une idée amusante.

Chatroulette Russe

On pourrait parler de film générationnel qui vise surtout un public jeune (15-18 ans) qui passent leurs journées portables à la main et leurs soirées sur les réseaux sociaux jusqu'à pas d'heures.
Ce qui, dit comme ça est très réducteur mais c'est vraiment l'impression que nous donne cette brochette d'ados plutôt débiles qui ne peut qu'aboutir à un scénario terriblement stupide !

Le film est loin de tomber dans l'horreur extrême et le réalisateur n'a pas été trop chiche sur les séquences dites gores qui sont généralement filmées dans le noir, avec des grésillements ainsi que des sautes d'images ( quelle idée d'utiliser Skype avec une connexion 56k...)

Error 404

Le film est aussi truffé de problème de réalisation assez étrange comme par exemple, lors des recherches Google de Lily Blaire pour connaitre les codes radios de la police, elle clique a priori pour la première fois sur un lien mais pourtant celui-ci est déjà violacé, ce qui signifie qu'elle aurait déjà était sur un site qui référence les codes radios de la police ?! Ou que la scène a été faite plusieurs fois mais que le réalisateur n'a pas jugé utile de rendre le lien vierge...mystère.

D'autre part la localisation du film en France ne s'est pas donné la peine de traduire la totalité des textes affichée à l'écran ce qui n'est pas une erreur du film en soi, mais cela rend le film encore plus illogique qu'il ne l'est déjà.

Autre chose, lorsque Lily Blaire télécharge un fichier de 900 ko, son ordinateur met plus de temps que pour un fichier de 1.8 Mos ! ( oui comme d'habitude je chipote...)

Unfollow ?

Le principal défaut de ce film finalement est de ne pas vraiment en être un. Car celui-ci serait clairement plus marquant et intéressant s' il avait été distribué, non pas au cinéma ou en DVD, mais directement sur un site d'hébergement vidéo car, à mon humble avis, ce film doit être vu sur un écran d'ordinateur avec un casque audio pour avoir un minimum d'impact sur le spectateur.

Mieux encore, le film aurait véritablement gagné en interactivité à être diffusé sur Youtube ou autres, imaginez pouvoir naviguer entre les différentes interfaces utilisées par chacun des personnages !

En bon élève de l'interaction utilisant internet, il existe le jeu In Memoriam, un jeu français développé par Lexis Numérique et Ubisoft qui nous invitait à traquer un meurtrier en utilisant internet ainsi que son téléphone. Ce jeu date de 2003, imaginez ce qui serait possible de faire aujourd'hui avec Twitter, Facebook, Tumblr, Instagram ou Snapchat !

Résultat : je le vois à la télévision et c'est d'un ennui mortel car impossible d'être intéressé par l'histoire sur une télé et encore moins au cinéma...
On retiendra le concept qui s'avère intéressant, mais vraiment mal exploité et malheureusement le scénario d'une stupidité effarante.

Un dernier mot sur la fin du film,