Bonne surprise que ce « Unfriended », un film d’horreur qui joue la carte du 2.0 de bout en bout, c’est original même si ce n’est clairement pas le film de l’année, il aura au moins le mérite d’utiliser un concept original et de le maîtriser de A à Z. Un slasher des temps modernes avec cyber-intimidation et cyber-vengeur.
Dans le style film sur écran d’ordinateur, j’ai récemment vu « Open Windows » avec Elijah Wood et Sasha Grey, là où le film jouait à fond le côté 2.0 en filmant les scènes à travers un écran d’ordinateur, le film lâchait en cours de route le concept et faisait complètement foirer la machine. Ici « Unfriended » se passe du début à la fin sur l’écran d’ordinateur du personnage principal Blaire Lily (Shelley Hennig), tout se joue comme si nous étions l’utilisateur de l’ordinateur : fenêtre Skype, page Facebook, messagerie Gmail, … on « contrôle » l’écran de Blaire. Alors il faut bien avouer qu’à la fin du film on se retrouve quand même avec un sacré mal de crâne à force de suivre des yeux le pointeur de la souris, les conversations sur messagerie instantanée, toutes les vignettes des intervenants sur Skype, mais bon ça reste quand même gérable.
On suit donc la réunion Skype d’un groupe d’amis lycéens, qui parlent de tout et de rien, et qui se retrouvent subitement avec un invité mystérieux dans leur groupe de conversation. Dès le début du film, on comprend qu’une ancienne copine du groupe est décédée un an plus tôt suite à la publication sur Youtube d’une vidéo d’elle plutôt compromettante, on fait donc rapidement le lien entre cette jeune fille qui s’est suicidée et l’invité mystère de Skype. Alors cyber-fantôme ou vengeur réel ? L’invité commence rapidement à semer la panique dans le petit groupe d’amis, en publiant sur Facebook des photos pas très glamour ou en envoyant des messages plutôt flippants aux uns et aux autres, poussant au suicide live l’une des participantes. C’est là où l’utilisation de l’écran d’ordinateur est intéressante, on se demande rapidement ce que l’on ferait s’il nous arrivait la même chose ? Est-ce que vous couperiez toute conversation pour redémarrer votre ordinateur ou est-ce que vous regarderiez vos amis mourir les uns après les autres en direct sur Skype ?
On comprend rapidement que le réalisateur a voulu mettre le doigt là où ça fait mal : le harcèlement. On entend souvent des histoires malheureuses de jeunes collégiens ou lycéens ayant mis fin à leurs jours suite à des photos, vidéos ou propos compromettants sur le Net. C’est toujours plus facile de balancer des saloperies sur quelqu’un quand on est caché derrière un écran d’ordinateur où l’on pense être un anonyme. Quel impact la publication de contenus inappropriés peut avoir sur la personne visée ? Comment vit-on sereinement alors qu’on a poussé quelqu’un au suicide pour ce qu’on pensait être une « blague » (qui en général ne fait pas rire la personne mise en cause). C’est ce thème là qu’aborde « Unfriended » et je trouve que c’est plutôt intelligent. C’est clairement le jeune public qui est visé ici et je pense que d’utiliser des moyens modernes pour mettre en image ce sujet est bien pensé. On sait tous qu’aujourd’hui tout le monde utilise quotidiennement un ordinateur, une tablette, un smartphone, que tout le monde a un compte Facebook, Twitter, Skype, et que tout le monde a déjà vu une photo plutôt moche de quelqu’un complètement ivre ou défoncé. C’est un sujet très actuel, que le réalisateur Levan Gabriadze a su bien mettre en image et qui parlera facilement aux jeunes générations.
« Unfriended » ne sera peut-être pas le film d’horreur de l’année mais au moins il a le mérite d’être original et d’aborder un thème important, qui par sa mise en forme sera, je l’espère, plus parlant aux jeunes et permettra peut-être à certains de réfléchir un peu plus avant de mettre en ligne des photos ou vidéos qui devraient rester privées.