Immensité des hauts plateaux boliviens, apreté de la vie quotidienne pour ses derniers habitants..

Dans l’immensité des hauts plateaux boliviens, Virginio et Sisa veillent depuis toujours sur leur troupeau de lamas. Jusqu’ici, rien n’a pu les détourner de cette vie austère, héritée des traditions : ni leur âge avancé, ni le départ des habitants de la région, chassés par la sécheresse. Leur petit fils Clever leur rend visite.

Utama-La terre oubliée est une chronique bolivienne d'Alejandro Loayza Grisi sortie sur les écrans en mai 2022.

Dès le premier plan du film, on mesure la majestuosité des paysages andains où l'on tutoie les 4000 mètres d'altitude. Une petite bicoque au premier plan, infiniment minuscule face au paysage si caractéristique des hauts plateaux boliviens, composé de plaines immenses et de hauts sommets colorées.

Cette petite maison au confort sommaire est celle de Virginio et Sisa sa femme.
Ils y vivent dans des conditions difficiles, loin du village le plus proche. Depuis quelques temps, le quotidien est encore plus éprouvant pour les habitants et les animaux, principalement les troupeaux de lamas et d'alpagas qui peuplent cette région du monde où la terre se fissure chaque jour davantage. Les maisons sont dépourvues d'eau courante, les puits sont à sec. Les lamas ont soif et Virginio, malade et vieillissant ne sait plus comment faire. Une chose est pourtant exclue pour le couple, quitter sa maison pour rejoindre les commodités de la ville. C'est à ce moment que leur petit fils décident de rendre visite à ses grands-parents.

Beaucoup d'habitants ont abandonné les maisons aux alentours pour la ville devant la rudesse du quotidien. Pratiquant un syncrétisme religieux mêlant chrétienté et croyances ancestrales, le petit groupe d'autochtones décide même de sacrifier un lama pour que la pluie enfin reviennent irriguer les hauts plateaux mais en vain...
Virginio est fatigué et malade. Il raconte à Clever que le condor vieillissant, sentant sa fin proche, s'élève au sommet des montagnes et se laisse retomber, pattes recourbées et ailes repliées, pour s'écraser sur un rocher. Cette parabole, qui constitue, en creux, un message pour son petit fils, résume très bien la lassitude de ce vieil homme malade qui se sent arrivé au terme de sa vie et ne voit plus l'intérêt de continuer à vivre.

Utama est un film beau et lent. Ses personnages sont les derniers témoins d'une tradition qui, modernité oblige, va disparaître. Loin des clichés écologistes radicaux et de toute récupération politique, Utama présente le quotidien des derniers habitants de l'Altiplano bolivien pourtant peuplé depuis 10 000 ans, brulé par le soleil et la sécheresse comme une fatalité, un cycle défavorable pour l'homme qui essaie, coûte que coûte, d'y survivre.

Utama a remporté le grand prix de la compétition internationale de Sundance.

J'apprécie personnellement énormément ces paysages dépaysants, magnifiques, désertiques et hostiles où la présence humaine est rare, même si y survivre relève de la gageure....

Trailer