Fright Night premier du nom est le genre de films qui, malgré ces petits défauts inhérents au genre et à l’époque auxquels il appartient, nous rappelle qu’à la base les vampires ne couraient pas dans les prairies ensoleillées après s’être roulés dans les paillettes de votre petite sœur en posant pour Calvin Klein avec la B.O de Dawson’s Creek en fond sonore.

Par contre, désolé pour le romantisme —ou tant mieux selon votre âge—, ils n’ont visiblement jamais pu faire une croix (hohoho) sur les lycéennes.

Le film qui nous intéresse se situe donc dans la tradition du cinéma fantastique des années 80 ; à mi chemin entre l’épouvante respectueuse des mythes traditionnels du genre —vampires, loups garous et autres zombies déferlaient alors sur les écrans en masse (clips, films etc), et la distance amusée, limite salvatrice qui donnait un mélange de genre et de tons que les amateurs du « An american werewolf in London » de Landis ont déjà apprécié.

Là où une célèbre saga vampirique actuelle, aussi brillante qu’un crépuscule, se vautre dans le maniérisme puérile et la pose, ces films auxquels je fais référence —et notamment le Fright Night de 1985— parviennent à convaincre par la singularité de leur approche, amenant le spectateur à ressentir une palette d’émotions a priori étrangère au genre : l’humour et la légèreté côtoyant l’horreur et l’effroi.

D’un point de vue moins général, on a tout de même affaire à une bonne dose de conneries toutes plus mignonnes les unes que les autres. Dans le désordre je cite le vampire (évoquant au passage un sosie sous prozac de Tony Danza) qui sors les crocs à l’attention de sa victime juste devant sa fenêtre à la vue de tous, un lieutenant de police qui s’amène à la seconde vérifier que le voisin du gamin de seize ans qui l’a appelé est effectivement le serial killer qu’il l’accuse d’être, la vedette de télé qui voit débarquer chez lui une bande de merdeux venus lui parler de vampires sans sourciller (et puis d’ailleurs apparemment son numéro de téléphone n’est pas sur liste rouge à celui là), un vampire surpuissant à la force surhumaine qui pleure comme un bébé cadum quand on lui plante un crayon gris dans la main, le sort de Ed (j’évite le spoil), et j’en passe.

Néanmoins le charme est là et il est indéniable, surtout lorsque vous voyez un vampire super ténébreux sur le point de conclure avec la nana du film, la chemise ouverte sur une poitrine imberbe, laissant apercevoir son pantalon enfilé tellement haut qu’on croirait qu’il S’EST PENDU AVEC.

Plus sérieusement, Fright Night trimballe beaucoup de charme : un sensualité eighties (donc délicieusement ringarde) sur fond musique de synthé (kikoo Fiedel), des adultes de 25 ans qui vont encore au lycée, un personnage cabotin en diable hommage à Price et Cushing, un parfum de la Hammer en filigrane, pas mal d’insouciance, des effets spéciaux en dur toujours délectables (marionnettes, maquillages et animatronics), et quelques séquences qui fonctionnent vraiment bien ; l’intrusion dans la chambre de Charley et l’excellente scène du loup en tête.

D’une durée raisonnablement longue, le film de Holland se permet ainsi d’instaurer un une ambiance et un ton singuliers, lui insufflant une fraicheur que bon nombre de films récents du genre lui envieraient s’ils avaient au moins la décence d’arrêter de se prendre au sérieux et de se rappeler qu’avant tout l’amateur du genre, tout comme la plupart des spectateurs, ne désire qu’une chose: se divertir.

Y en a marre des têtes d'enterrement.
real_folk_blues

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