Vis ma vie de monstre

Genre très codifié, le mockumentary est un exercice casse-gueule, et devient souvent un objet filmique daté, car ancré dans une époque (SPINAL TAP est très bon mais vieillit malgré tout).
En plus, genre généralement anglo-saxon, il passe difficilement l’écueil de la langue et du doublage.
Ici, on a donc cet ovni néo-zélandais, réalisé et joué par quelqu’un qui a fait un peu de chemin depuis (Taika Waititi). Sur un plan formel, le film est plutôt pas mal foutu jouant sur les codes du film de vampires (on a des adresses au classique de Polanski, LE BAL DES VAMPIRES, mais aussi à ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE, ou même à TWILIGHT), nous offrant beaucoup de scènes très drôles, et des petites poussées d’adrénaline alors qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur. La caméra est très fluide, et se déplace avec autant d’élégance que nos protagonistes.
L’histoire en elle-même n’en est pas une, au vu du genre. On est quelque part entre C’EST ARRIVÉ PRÈS DE CHEZ VOUS revu et corrigé par Bram Stoker, ZONE INTERDITE filmé par Neil Jordan ou PARIS DERNIÈRE, sans aucun changement car se suffisant à lui-même.
Le doublage est un festival, assuré par Nicolas et Bruno, le duo des MESSAGES À CARACTÈRE INFORMATIF de Canal. Ils y apposent les voix d’Alexandre Astier, Bruno Salomone ou Fred Testot, et le ton décalé a ici sa justification de par le sujet. Bien sûr, en bon Haut-Viennois, cela m’amuse beaucoup que la version française nous envoie suivre les pérégrinations de ces trois losers aux dents longues dans ma bonne ville de Limoges. Un objet filmique méconnu et très drôle.